Éric Salvail a-t-il le droit de revenir ?
VANESSA DESTINÉ : « Un de mes amis est allé voir un spectacle dans le Quartier latin à Montréal et, dans le hall d’entrée, il est tombé sur Éric Salvail…
GENEVIÈVE PETTERSEN : « Mais il a le droit de vivre, Éric Salvail, quand même…
VD : […] il a le droit de vivre, mais ce qui a surpris mon ami, et c’est ce qu’il a pris en photo, c’est que les gens faisaient la file pour prendre des selfies avec Éric Salvail. GP : Un peu malaisant… VD : Ça fait un an qu’il a disparu de la vie publique et les gens se précipitaient, se l’arrachaient encore. C’était comme s’il n’était jamais parti, comme s’il n’y avait jamais eu de scandale.
GP : […] Je peux très bien comprendre les gens qui lui donnent le bénéfice du doute, tu sais, ils l’aiment, alors ils se disent : « Ça se peut pas, pas mon Éric... »
VD : C’est pas nécessairement de chercher à écarter les témoignages des victimes, mais c’est qu’on aime tellement la personne, on se sent tellement proche d’elle, on n’a pas l’habitude de penser à elle comme étant un monstre, que c’est difficile de concevoir qu’elle ait pu faire du mal à quelqu’un d’autre.
GP : Éric Salvail, a-t-il le droit de revenir à la télé ? Après combien de temps ? A-t-on le droit de l’aimer encore ? J’ai lu sa longue lettre où il explique qu’il avait un problème, qu’il savait qu’il fallait qu’il aille se faire soigner, qu’il reconnaissait qu’il avait mal agi. Après ça, si on croit au système de justice et au fait qu’on peut se réhabiliter, combien de temps il doit rester sur le banc des punitions ? A-t-il le droit de revenir ?
VD : Avec le fait d’être une personnalité publique vient une certaine responsabilité sociale… Je ne pense pas que les employeurs vont se bousculer pour lui donner une tribune. Dans le cas de Jian Gomeshi, à Toronto, il n’a pas été reconnu coupable devant la justice, et il n’a pas pu revenir après trois ans. Alors c’est le tribunal populaire qui a décidé qu’il ne devait pas revenir sur la place publique.
GP : C’est le public qui décide, au bout du compte…
VD : Mais le public a-t-il le droit d’empêcher quelqu’un de revenir à la lumière de cette façon-là ? Pourquoi le cas de Gomeshi est-il différent de celui de Salvail ?
GP : Parce que son public l’aime donc ben… je pense que c’est aussi bête que ça.