Une enquête publique sur l’essence, ça urge !
À maintes reprises, les pétrolières en profitent pour nous « arnaquer » à la pompe.
Il serait peut-être temps que le Québec déclenche une enquête publique sur les prix de l’essence.
C’est Jean-françois Lisée qui en avait fait la proposition lors de la campagne électorale.
« Les variations des prix de l’essence sont inexplicables par le cours normal du marché. Comment ça se fait que ça n’ait pas été enquêté ? Comment ça se fait qu’il n’y ait pas des gens qui ont été reconnus coupables de manipulation des marchés », avait-il déclaré.
Le nouveau gouvernement de François Legault devrait donner suite à cette judicieuse proposition péquiste.
ET ÇA URGE
Voici pourquoi. Dans ma chronique de samedi dernier, je dénonçais cette fois la gloutonnerie des pétrolières qui nous exploitent de ce temps-ci en faisant payer un prix d’achat pour le pétrole brut fort élevé par rapport aux sources d’approvisionnement.
Le Québec s’approvisionne de plus en plus avec le pétrole de l’ouest canadien, lequel se négocie à gros prix d’escompte par rapport au baril de pétrole WTI (West Texas Intermediate) et à celui du Brent coté à Londres. Mais à la pompe, les pétrolières ne nous font pas bénéficier de ce rabais qui, depuis un mois, joue de 40 à 70 % selon les journées. Prenez hier. Le prix du baril de pétrole « Brent » s’élevait à 76,87 US $ et le WTI américain à 66,78 US $. Le pétrole canadien? Le WCS (Western Canadian Select) coûtait 17,36 US $ et le CCI (Canadian Crude Index) revenait à 26,16 US $. Ainsi hier, on constatait des rabais allant de 60 à 75 % pour le pétrole canadien.
Est-ce que les pétrolières nous en ont fait bénéficier ? Absolument pas !
LES DONNÉES SECRÈTES
Le prix minimal à la rampe de chargement de Montréal (composé du prix d’achat du pétrole brut et de la marge de raffinage) ne semble aucunement tenir compte de la faiblesse des cours du pétrole de l’ouest canadien, et ce malgré le fait que le Québec s’y approvisionne significativement.
Fait important : la Régie de l’énergie du Québec publie quotidiennement les composantes des prix de l’essence à la pompe.
À l’exception du prix minimal à la rampe, toutes les autres composantes du prix de l’essence sont clairement présentées par la Régie, à savoir les taxes spécifiques, les taxes de vente et la marge de détail des essenceries.
Concernant le prix minimal à la rampe que la Régie recueille auprès des raffineurs et grossistes faisant affaire à la rampe de chargement à Montréal, il est malheureusement impossible de départager avec précision la portion allouée à l’achat du pétrole brut et la portion allouée au coût de raffinage.
Dommage que la Régie ne puisse obtenir cette information fondamentale qui permettrait de déterminer s’il y a abus ou pas de la part des pétrolières.
Chose certaine, avec une enquête publique on pourrait certes forcer les pétrolières et les raffineries à révéler les vrais chiffres concernant l’achat de leur pétrole brut et la marge de raffinage.