Les parents parlent peu d’argent à leurs jeunes
Près des trois quarts des parents ne parlent pas régulièrement d’argent à leurs enfants, les laissant ainsi mal préparés à la gestion de leurs finances plus tard.
Environ 73 % des parents interrogés dans le cadre d’un sondage mené récemment par la CIBC indiquent qu’ils ne parlent pas régulièrement d’argent à leurs jeunes. D’ailleurs, ils ne se sentent pas toujours à la hauteur pour donner des conseils éclairés à leurs enfants. Ainsi, moins de la moitié d’entre eux s’estiment très compétents en matière de budget familial (46 %), d’économies (44 %) et de gestion des dettes (39 %). Et lorsqu’il est question de planification d’études (26 %) ou d’investissements (17 %), leur niveau de confiance chute encore plus bas.
DIFFICILE DE DONNER L’EXEMPLE
Il faut dire que les parents se sentent bien mal placés pour donner l’exemple. Ainsi, 82 % ne suivent pas de budget et 54 % avouent manquer de savoir-faire financier.
Près de la moitié reportent régulièrement un solde sur leur carte de crédit, puisqu’ils semblent incapables de le payer en entier chaque mois. « Cette statistique confirme encore une fois que le niveau d’endettement des ménages est élevé », déplore Fabien Major, conseiller en gestion de patrimoine chez Major Gestion Privée/assante.
Il se réjouit toutefois du fait que les parents semblent se préoccuper de l’éducation financière de leurs jeunes. D’ailleurs, ces derniers commencent à gérer leur argent plus tôt que ne l’ont fait leurs parents, révèle aussi le sondage. « Cela démontre qu’il y a de l’espoir pour la jeune génération et que son niveau d’endettement sera peut-être moins élevé que celui de la précédente », mentionne Fabien Major.
APPRENDRE À ÉPARGNER
Le conseiller remarque également que, ces dernières années, une grande partie de l’éducation des consomma- teurs a tourné autour des différentes façons d’avoir accès au crédit. « Notamment, comment avoir une carte de crédit, acheter une maison, une auto, etc. Le message a souvent été : consommez maintenant et payez plus tard. Or, ce que l’on n’enseigne pas et qui devrait l’être, c’est plutôt : comment épargner », souligne Fabien Major.
Cela nécessite donc un changement de mentalité qui pourrait commencer par l’éducation des jeunes à une gestion plus saine de leurs finances. « Par exemple en leur expliquant que mettre de l’argent de côté et, par la suite, investir éventuellement cet argent pour faire croître ses économies est un levier qui permet de réaliser ses projets et d’atteindre ses objectifs », indique le conseiller.
Pour sa part, le planificateur financier Charles Hunter-villeneuve estime que les parents devraient verser régulièrement des sommes dans un Régime enregistré d’épargne-études (REEE) au bénéfice de leurs enfants plutôt que de leur donner de l’argent de poche. « Ou encore, on pourrait déposer la moitié du montant dans un REEE et donner l’autre moitié en argent de poche. Cela permet de sensibiliser tôt les jeunes aux notions d’épargne et de rendement », affirme-t-il.