Avalanche de bios
Chez les libraires, on retrouve plusieurs ouvrages de Québécois qui ont choisi de se raconter
Les tablettes des librairies sont remplies de biographies de personnalités québécoises cet automne. Pas moins de 25 titres se battent pour se retrouver dans le palmarès des ventes de 2018, soit près de trois fois plus que le nombre de l’année précédente.
La lutte sera féroce aux caisses enregistreuses des librairies, selon les estimations du Groupe Renaud-bray. Et pour cause, les biographies sont presque toutes débarquées en même temps. De Debbie Lynch-white à Mahée Paiement, en passant par Robby Johnson, Hugo Girard, Annie Brocoli et autres Guylaine Tanguay, le bottin de l’union des artistes semble s’être donné le mot pour envahir les rayons, faisant fi des risques de cannibalisation.
« Je suis bien consciente qu’il y en a beaucoup, que la tendance est là. Mais je pense qu’il y a de la place pour chacun. On a tous une histoire différente à raconter », croit Mahée Paiement, qui a lancé la semaine dernière Le tourbillon de la vie.
COMPÉTITION
Les biographies « ont toujours été de bons vendeurs », soutient Émilie Laguerre, responsable des communications chez Renaud-bray, qui regroupe aussi la bannière Archambault. Mais, « quand il y a plusieurs livres qui sortent en même temps, ça crée une compétition. C’est sûr qu’ils ne vont pas tous être des best-sellers ».
La rivalité est féroce, concède Johanne Guay, vice-présidente de Groupe Librex, une maison d’édition qui n’hésite pas adopter des stratégies de mise en marché à contre-courant. Ainsi, l’entreprise publiera son lot de biographies cet automne, mais en sortira aussi en janvier.
« Les lecteurs lisent 12 mois par année. D’être là tout le monde en même temps, c’est plus risqué. Les gens n’achètent pas huit livres à la fois », souligne Mme Guay.
POUR NOËL
Ce n’est pas un hasard si tout le monde sort un livre en même temps. L’automne n’est pas seulement une saison idéale pour les lancements de disques : le livre fait également partie des produits culturels faciles à offrir en cadeau à Noël.
« Tout le monde veut sortir avant le Salon du livre [de Montréal], affirme Johanne Guay. Les éditeurs ont aussi une obsession des ventes de Noël, qui sont importantes. »
Quel ingrédient aidera une biographie à tirer son épingle du jeu d’ici la fin de l’année ?
« Il faut qu’il y ait un punch, il faut qu’on apprenne quelque chose », note Émilie Laguerre, de Renaud-bray.
Les temps ont changé. Plus besoin d’avoir 70 ans pour lancer sa biographie. La grande partie des récits de vie et témoignages qui sortent ces joursci sont écrits par des personnalités relativement jeunes.
DE BEAUX PARCOURS
« Avant, quand on pensait à une biographie, on pensait à quelqu’un dont la carrière était bien avancée, explique Émilie Laguerre. Aujourd’hui, la biographie n’est plus nécessairement un livre qui permet de revenir sur la vie de quelqu’un; dès qu’on a un parcours intéressant ou différent, les gens veulent en parler. »
Mme Laguerre cite l’exemple d’étienne Boulay. À 35 ans, l’ancien joueur de football devenu animateur lancera vendredi Le parcours d’un battant.
« Il est tout jeune, mais il a un parcours extraordinaire. C’est ça qui va justifier la pertinence de sortir une biographie. »
Même son de cloche du côté des Éditions La Semaine, qui publient cet automne les biographies d’olivier Primeau, propriétaire du Beachclub, et Robby Johnson.
« On trouvait que même dans la trentaine, Olivier Primeau a accompli tellement de choses qu’il pourrait inspirer d’autres entrepreneurs avec sa vision », explique l’éditrice Isabel Tardif.
Et Robby Johnson, ce Beauceron d’origine qui tente de percer le milieu du country international ? « Il a une histoire tellement tripante, ajoutet-elle. Pourquoi attendre qu’il ait 70 ans avant de tout raconter ? »