Le Journal de Quebec

Un citoyen conteste déjà la loi québécoise

- PASCAL DUGAS BOURDON

Une semaine après la légalisati­on, un citoyen conteste déjà, pour une première fois, les articles de loi qui interdisen­t aux Québécois de cultiver du cannabis à domicile pour usage personnel, a appris l’agence QMI.

Le demandeur de Québec, Janick Murray-hall, cherche à faire invalider en Cour supérieure du Québec les articles 5 et 10 de la loi québécoise encadrant le cannabis, lesquels stipulent qu’il est interdit de posséder ou de cultiver un plant de cannabis. La loi fédérale, elle, permet la culture de quatre plants au maximum.

Ces deux articles sont « nuls, invalides et inopérants » parce qu’ils relèvent du droit criminel, ce qui est la responsabi­lité d’ottawa, plaide notamment Me Maxime Guérin, avocat au dossier.

Même si la Cour devait conclure que d’interdire la culture du cannabis à domicile fait partie des pouvoirs du Québec, ces deux articles seraient tout de même invalides parce que la loi fédérale prime la loi provincial­e, estime également M. Guérin.

« Il y a un choc entre la loi fédérale et la loi provincial­e », a-t-il résumé à l’agence QMI.

Selon lui, « l’esprit de la loi fédérale implique que les Canadiens ont le droit de faire pousser du cannabis à domicile. L’interdire bafoue l’intention qu’avait le législateu­r fédéral au moment d’écrire la loi. »

COMBATTRE LE MARCHÉ NOIR

Ottawa a choisi de ne pas interdire la culture à domicile afin de combattre plus efficaceme­nt l’implicatio­n du crime organisé, en éliminant la rareté du produit, estimait le gouverneme­nt Trudeau.

Le Québec a pour sa part décidé de l’interdire, notamment pour des questions de sécurité et de santé publique.

En juin dernier, la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, avait jugé probable qu’un citoyen décide de contester ces articles de loi.

« Ceux qui voudront contester, ce seront les citoyens. Malheureus­ement, ce sont les citoyens qui vont faire les frais de ça. […] Ça va leur coûter un bras », avait-elle dit.

M. Guérin s’attend d’ailleurs à ce que le Québec fasse appel du jugement, advenant une victoire de M. Murray-hall.

« Moi, je vois une année minimum en Cour supérieure, si tout va bien, avant d’être entendu. [Avec de possibles appels], on s’attend à un délai de deux ou trois ans avant d’avoir une décision de la Cour suprême », a-t-il indiqué.

AUTRE CAUSE

M. Murray-hall est connu pour son implicatio­n dans le site web Le Journal de Mourréal. Il fait l’objet d’une poursuite par Média QMI, qui allègue que son site viole la marque de commerce du Journal de Montréal. Le procès aura lieu devant la Cour supérieure en janvier 2019.

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