La Couronne et la défense aux antipodes
La poursuite réclame une peine d’emprisonnement de 23 ans et demi pour le Tyran de la Beauce. La défense, aux antipodes, demande une peine de 6 ans.
« Vous êtes à même de constater toute la brutalité dont a fait preuve l’accusé à l’endroit de ses enfants. [...] La violence de l’accusé était tellement omniprésente et subie en présence de tous les enfants », a soutenu le procureur de la Couronne lors des observations sur la peine.
« BANALISE ET MINIMISE »
L’accusé de 64 ans a été déclaré coupable de 47 accusations pour avoir fait subir des sévices physiques et sexuels répétés à sa femme et ses 9 enfants dans les années 80 et 90. Il a aussi agressé sexuellement trois mineures du voisinage.
Pour Me Nicolas Champoux, la gravité des crimes, leur fréquence, le fait qu’ils aient été commis sur deux décennies et que la majorité de ceux-ci aient été perpétrés à l’endroit de mineurs, dont ses propres enfants, sont tous des facteurs aggravants. Sans oublier les conséquences importantes sur les victimes, qui doivent conjuguer avec les traumatismes de leur enfance.
Pour justifier la peine demandée, Me Champoux a notamment évoqué les peines reçues par Jacques Vachon, soit 18 ans, et le Bourreau de Beaumont, 22 ans.
Selon une psychiatre qui a évalué le Tyran, l’homme aux traits narcissiques « ne se reconnaît aucune problématique, se déresponsabilise, banalise et minimise » ses crimes.
La Couronne réclame aussi qu’il soit déclaré délinquant à contrôler et qu’il ne puisse être éligible à une libération conditionnelle avant la moitié de sa peine. La défense s’y oppose.
« REGRETS SINCÈRES »
Pour l’avocat du Tyran, le juge doit notamment prendre en compte les « regrets sincères » exprimés par l’accusé mercredi. « J’ai vu du bon dans monsieur. [...] Je pense qu’il a évolué », a dit Me Stéphane Harvey. Il a insisté sur le fait que la psychiatre conclut à un risque de récidive faible à modéré.
Me Harvey veut aussi que sa détention provisoire compte pour le double — la Couronne a souligné que la loi ne le permet pourtant pas —, en raison de ses « conditions d’incarcération difficiles » depuis un incident avec le tueur de la mosquée de Québec.
« Je suis allé lui dire : “Tu fais ton petit roi partout. Il y a beaucoup d’arabes au pénitencier, ils trouveront pas ça drôle.” Ça a été pris comme une menace », a soutenu le Tyran mercredi.
Puisque l’accusé est incarcéré depuis 3 ans, les 6 ans demandés par la défense signifient qu’il sortirait de prison aussitôt la peine reçue.
Le juge René de la Sablonnière doit rendre sa décision le 29 novembre.
« Je sais que les gens attendent depuis trois ans », a-t-il dit en s’adressant aux victimes.