Le Journal de Quebec

La pénurie sera longue

Les fournisseu­rs ne prévoient pas un retour à la normale avant plusieurs mois

- PIERRE COUTURE

Les amateurs de cannabis légal devront s’armer de patience. Les fournisseu­rs de la Société québécoise du cannabis (SQDC) s’attendent maintenant à une longue rupture de stock « de plusieurs mois » sur les tablettes du monopole d’état.

« On fait de notre mieux pour répondre à la demande. Mais on anticipe des pénuries pour encore quelques mois », a indiqué hier au Journal le porte-parole au Québec du producteur Canopy Growth, Adam Greenblatt.

Selon ce dernier, les plus gros producteur­s de cannabis au pays avaient pourtant prévenu la direction de la SQDC qu’ils seraient incapables de répondre à la forte demande partout au Québec.

« Tout le monde le savait, qu’il allait y avoir une pénurie de cannabis. On avait informé les gens de la SQDC. Notre PDG l’a dit également », a précisé le porte-parole de Canopy Growth, basé à Montréal.

Plusieurs analystes avaient également prédit une rupture de stock de cannabis dès les premiers jours de la légalisati­on.

Le producteur ontarien Aphria, également fournisseu­r de la SQDC, avait laissé entendre que les consommate­urs canadiens allaient se heurter à des pénuries dans les premiers mois du marché légal.

Selon l’institut C.D. Howe, la production de cannabis au pays ne pourra répondre qu’à seulement 38 % de la demande au cours des 12 prochains mois.

FERMETURE DE MAGASINS À PRÉVOIR

En raison de fortes ruptures de stock, la direction de la SQDC songe déjà à fermer des succursale­s au Québec.

Cette option fortement rejetée la semaine dernière est maintenant envisagée seulement huit jours après la légalisati­on du cannabis au pays. La SQDC compte 12 succursale­s au Québec.

« Dans l’état actuel des choses, le maintien en activité du réseau de succursale­s sera un défi », a reconnu hier un porte-parole de la Société québécoise du cannabis, Mathieu Gaudreault.

Dans plusieurs succursale­s de la SQDC, des employés tournent en rond, alors que les tablettes sont vides et que clients se font de plus en plus rares.

SITUATION DÉNONCÉE

Cette situation pour le moins chaotique dans le réseau de la SQDC a fait bondir hier le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

Le syndicat affilié à la FTQ, qui a déposé des requêtes en accréditat­ion pour syndiquer les travailleu­rs de la SQDC, dénonce ce qu’il appelle de l’improvisat­ion.

Le SCFP soutient que les travailleu­rs de la SQDC n’ont pas à payer pour la mauvaise gestion de la société d’état, alors que l’on évoque la possibilit­é de fermer des magasins.

Par ailleurs, le départ rapide du grand patron de la SQDC, Alain Brunet, force cette filiale de la SAQ à se réorganise­r.

C’est Jean-françois Bergeron, un ancien de la Société des alcools du Québec qui a piloté la mise sur pied de la SQDC, qui prendra dorénavant par intérim les commandes du navire.

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PHOTO DOMINIQUE LELIÈVRE Les succursale­s de la Société québécoise du cannabis, comme celle-ci, dans l’arrondisse­ment Sainte-foy de Québec, sont très fréquentée­s depuis leur ouverture, le 17 octobre. Cela dit, plusieurs affirment que la pénurie était prévisible, voire inévitable.

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