Le Journal de Quebec

Une ado dit adieu aux sports d’équipe

Elle a déjà subi six commotions cérébrales même si elle n’est âgée que de 13 ans

- ELISA CLOUTIER

RIMOUSKI | Après avoir subi six commotions cérébrales, une jeune sportive de treize ans doit aujourd’hui faire son deuil des sports d’équipe, en raison de son cerveau devenu « trop fragile ».

« Pour moi, c’est toujours une crainte et il faut que je vive avec ça », raconte la jeune Rosalie Chartrand, en marge du 2e Congrès internatio­nal des traumatism­es craniocéré­braux légers chez l’enfant et l’adolescent.

Que ce soit à l’école ou avec ses amis, elle pense tous les jours au risque qu’elle court de subir une septième commotion.

« Que ce soit en éducation physique lorsqu’on joue au ballon, ou partout, j’ai toujours ça en arrière-pensée », affirme l’adolescent­e.

UN NOËL OUBLIÉ

C’est le 26 décembre 2012, en glissant sur un crazy carpet avec ses cousins, qu’elle a subi son premier accident, lorsqu’elle a foncé tête première dans un arbre.

Le coup a été si intense que les jours précédant l’impact ne lui sont jamais revenus.

« Je ne me rappelle pas ce qui est arrivé à Noël ni les jours avant. C’est complèteme­nt perdu », dit-elle.

Cette année-là, Rosalie n’a d’ailleurs pu terminer son année scolaire en raison des symptômes persistant­s.

« Ce n’était vraiment pas plaisant. Ce n’est pas quelque chose que tu veux vivre », mentionne-t-elle.

SOCCER ET NAGE SYNCHRONIS­ÉE

Grande amatrice de sports d’équipe, Rosalie a aussi subi deux commotions cérébrales au soccer, en plus de deux autres en nage synchronis­ée, après avoir reçu des coups de pied à la tête, sous l’eau. Sa plus récente a eu lieu à la maison, alors qu’elle jouait avec son frère.

« Mon cerveau est plus fragile, c’est certain. Dès que ça arrive, j’ai des maux de tête, comme un bandeau dans le front, qui exerce une pression », raconte-t-elle.

Le respect du protocole et des temps de repos lui a toutefois permis de récupérer plus rapidement que lors du premier impact, admet-elle.

UN REGISTRE

« Jamais je n’aurais pensé que la nage synchronis­ée était un sport à risque. Si j’avais su, elle n’en aurait probableme­nt pas fait », explique sa mère.

« C’est très difficile de trouver un sport sans risque pour notre enfant », poursuit-elle.

Aujourd’hui, Mme Morrier se porte en faveur d’un registre des commotions cérébrales dans le sport au Québec.

Une propositio­n pourtant faite en 2015 par un groupe d’experts en commotions cérébrales mandatés par le ministère de l’éducation.

Favorisant un tel registre, lorsque questionné par Le Journal à l’occasion de la publicatio­n d’une série de reportages sur les commotions cérébrales au mois d’août dernier, le nouveau ministre de l’éducation, Jean-françois Roberge, n’a pas retourné nos demandes d’entrevues à ce sujet.

« LORSQUE ROSALIE A REPRIS CONNAISSAN­CE, SA PREMIÈRE QUESTION A ÉTÉ : “MAMAN, EST-CE QU’ON EST DANS LA VRAIE VIE ?” » – Sa mère Guylaine

 ?? PHOTO ELISA CLOUTIER ?? « Je fais maintenant de la natation, mais l’esprit sportif me manque beaucoup », raconte Rosalie Chartrand accompagné­e ici de sa mère, Guylaine Morrier.
PHOTO ELISA CLOUTIER « Je fais maintenant de la natation, mais l’esprit sportif me manque beaucoup », raconte Rosalie Chartrand accompagné­e ici de sa mère, Guylaine Morrier.

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