Des inspecteurs de la Santé sont confus face à la loi
Les interdictions sur la promotion du pot sèment la discorde avec des commerçants
Pendant que des commerçants sont en train d’organiser un recours collectif contre la loi québécoise qui interdit toute promotion du cannabis, les inspecteurs du ministère de la Santé sont dans la confusion sur le terrain.
La Loi encadrant le cannabis interdit notamment « toute publicité directe ou indirecte en faveur du cannabis » qui associe par exemple le pot à un style de vie.
La vente de produits comportant un nom, un logo, un dessin, un signe ou une image qui est associé à la marijuana est aussi interdite.
L’interprétation porte toutefois à confusion chez les inspecteurs du ministère de la Santé du Québec.
Dès le 17 octobre, jour de la légalisation, des inspecteurs se sont présentés dans deux boutiques d’accessoires de fumeur, Prohibition, à Montréal, et ont donné des indications contradictoires au commerçant.
« L’un m’a dit que les chiffres 420 étaient corrects, mais le lendemain, un autre dans une autre boutique m’a dit que non », explique Brandon Lyng, gérant de territoire pour Prohibition.
Les chiffres 420 sont un code dans la culture du cannabis pour désigner la consommation de pot.
« PAS CLAIRE »
« On ne blâme pas les inspecteurs, mais c’est la faute du gouvernement qui a fait une loi qui n’est pas claire, poursuit M. Lyng. On est rendu à censurer des chiffres ! »
La chaîne de magasins Prohibition risquait jusqu’à 62 500 $ d’amende, mais s’en est tirée avec des avertissements pour cette fois.
Prohibition compte donc déposer bientôt un recours collectif pour contester la loi. L’entreprise qui compte 17 boutiques au Québec est à l’étape d’amasser des fonds et regrouper des commerçants.
Parmi eux, il y a Karine Clément, cofondatrice de Hush-kush, une entreprise en ligne de pochettes colorées anti-odeur et imperméables pour transporter de la marijuana.
Outre une feuille de pot insérée dans le logo du produit, il est inscrit sur le site qu’il s’agit d’une pochette pour cannabis.
« Il faudrait que je dise que c’est une pochette pour transporter “tu sais quoi” », illustre Mme Clément.
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Le nom de son entreprise pose aussi problème puisque Kush est une variété de cannabis. De plus, sur des photos de son site internet, on voit des mains en train de plier la pochette, ce qui pourrait lui causer des ennuis.
Les mains pourraient être une incitation à un style de vie, l’ont avertie ses avocats.
« On s’attendait à des difficultés, mais là, on peut juste plus bouger. Je peux aller nulle part, déplore la femme d’affaires de 28 ans. Je ne peux pas aller à la SQDC ni dans les dispensaires ni les magasins d’accessoires, et le site web est illégal. »
Plus tôt cette semaine, la brasserie montréalaise Saint-bock a déposé une requête en justice pour faire annuler les articles de la loi québécoise sur le cannabis qui interdisent la promotion.