« J’aime mieux vivre comme ça qu’être mort »
Survivre à la « loterie des maladies » Incertitude autour de la facture des prothèses Une spirale qui entraîne toute la famille
Lorsqu’on lui demande s’il est un miraculé, Hugues Leblanc confie qu’il a commencé à le croire à force d’entendre les médecins lui répéter. C’est « la totale » qu’il a vaincu.
En plus de la bactérie qui le rongeait de l’intérieur et qui l’a plongé dans un violent choc septique qui s’attaquait à ses organes vitaux, le battant a affronté bien d’autres ennemis durant son hospitalisation. Toujours dans le coma, Hugues Leblanc a fait un accident vasculaire cérébral (AVC) et un infarctus. Il a également été infecté par un champignon qui empoisonnait son sang.
« J’ai gagné à la loterie des maladies. Ce n’est pas compliqué, j’ai tout eu », lance-t-il, peinant toujours à croire à quel point le sort s’acharnait sur lui. « J’avais une chance sur je ne sais pas combien de millions de pogner tout ça. »
Si Hugues Leblanc attend impatiemment de recevoir ses prothèses, il est toujours dans l’incertitude à savoir si celles-ci seront couvertes par le gouvernement, un stress dont il se passerait volontiers. « S’ils ne paient pas pour moi, ils vont payer pour qui? » se demande l’homme en levant ironiquement ce qui lui reste des quatre extrémités en l’air.
Déjà que la famille a vécu un stress financier assez important au cours des derniers mois, ils espèrent que le gouvernement acceptera de les aider. « C’est 35000 $ pour une prothèse biomécanique d’une main. On espère que la RAMQ va être là. Sinon, va falloir se débrouiller par nous-mêmes », explique Hugo, le fils de M. Leblanc. La famille a d’ailleurs lancé une campagne sur le web pour amasser des fonds en prévision de la décision de la RAMQ.
Si jamais le gouvernement décidait de couvrir les prothèses, la famille utilisera les fonds pour adapter la résidence de M. Leblanc et lui procurer un véhicule adapté.
La maladie qui a foudroyé Hugues Leblanc et qui lui a volé ses bras et ses jambes n’a pas eu un impact que sur lui, sa famille étant aspirée elle aussi dans ce tourbillon. Sa fille Stéphanie, qui attendait son premier enfant, a notamment dû accoucher pendant que son père était encore dans le coma.
« J’ai eu peur d’accoucher à Québec avec tout le stress qu’on vivait là-bas », raconte la jeune femme, heureuse que son petit Alexis ait encore son grand-père. Quant au fils d’hugues Leblanc, il a choisi d’arrêter de travailler pour soutenir ses parents. Un « chômage de compassion » de six mois lui a permis de faire les nombreux allers-retours Causapscal-québec que nécessitait la condition de son père.