Le Journal de Quebec

Un homme a dû être amputé de ses pieds et de ses mains après une vilaine grippe

- PIERRE-PAUL BIRON

À peine six mois après qu’une simple grippe l’eut mené au seuil de la mort, un résident de Causapscal qui est ressorti de cet enfer avec les deux pieds et les deux mains amputées embrasse la vie comme jamais auparavant. « J’aime mieux vivre comme ça qu’être mort. »

Hugues Leblanc a bien failli y passer, en mars dernier, lorsque la grippe qu’il combattait depuis une semaine s’est mise à dégénérer, jusqu’à le mener à une quadruple amputation. « Le lundi, je travaillai­s, le mardi, je suis resté couché parce que j’étais grippé, et le mercredi, je me suis retrouvé à Rimouski dans un coma artificiel pour être intubé », raconte l’homme de 50 ans qui ne garde aucun souvenir de ces moments d’angoisse.

La famille de M. Leblanc apprendra dans les semaines suivantes que l’agressive bactérie était un Staphyloco­ccus aureus, une bactérie que 30 % de la population porte de façon « saine », selon Santé Canada. Le corps de M. Leblanc étant par contre affaibli par l’influenza et une pneumonie, la bactérie avait assiégé son corps et se livrait à tout un carnage.

AFFRONTER LA TEMPÊTE

Un à un, les organes vitaux lâchent et il est alors transféré en avion à Québec pour y trouver des soins plus complets. Hugues Leblanc n’avait à ce moment que 5 % de chances de survivre à ce transfert risqué et à ce qui l’attendait ensuite, selon les médecins, qui décrivent sa situation comme celle « d’un funambule en pleine tempête ». « Il est tellement tête de cochon que je savais qu’il passerait au travers », raconte sourire en coin Nancy Levasseur, sa conjointe des 32 dernières années.

Pendant que les médecins se concentrai­ent à sauver ses organes vitaux, les proches d’hugues Leblanc, qui était toujours dans le coma, voyaient ses extrémités se décolorer de jour en jour, comprenant ce qui l’attendait. « Quand est venue la discussion sur l’amputation, une journée ils nous parlaient du bout des doigts et le lendemain on était rendu à le couper en haut des genoux. Ça allait pas mal vite », se souvient son fils, Hugo.

POSITIVISM­E ET HUMOUR

Après un mois et demi dans le coma, Hugues Leblanc se réveille et c’est sa conjointe qui a la lourde tâche de lui annoncer que sa vie sera chamboulée à jamais. Mais pour lui, c’était plutôt le début d’une nouvelle vie.

« Ils m’ont sauvé la vie, je ne peux qu’être reconnaiss­ant et continuer à me battre », dit-il à propos de sa femme et ses enfants.

« Je les ai, eux, j’ai mes petits-enfants. C’était une belle vie avant, j’ai juste à m’organiser pour qu’elle soit aussi belle après », ajoute-t-il en posant les yeux sur son dernier petit-fils, Alexis, né pendant qu’il était dans le coma.

À l’institut de réadaptati­on en déficience physique de Québec (IRDPQ), où il est suivi, Hugues Leblanc a rencontré plusieurs personnes qui l’ont qualifié de miraculé et qui ont salué son courage et sa volonté. Pourtant, pour lui et ses proches, ce cheminemen­t était une évidence, comme si cette attitude positive était profondéme­nt ancrée en eux et que jamais ils n’avaient songé à abandonner.

« On peut toujours trouver pire que nous au fond, quand on y pense. La vie est belle et elle mérite d’être vécue, c’est la seule chose que je me répète », confie tout simplement Hugues Leblanc, sourire aux lèvres.

 ??  ?? Hugues Leblanc entend profiter de la vie entouré de sa famille, dont son petit-fils Alexis, né alors qu’il était dans le coma.
Hugues Leblanc entend profiter de la vie entouré de sa famille, dont son petit-fils Alexis, né alors qu’il était dans le coma.

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