Le Journal de Quebec

Les conséquenc­es de l’isolement

La fille qui s’promène avec une hache s’intéresse à une microsocié­té en perte de repères

-

Le manque d’éducation, l’isolement et la peur de l’autre peuvent créer un immobilism­e malsain. La fille qui s’promène avec une hache s’intéresse aux conséquenc­es à long terme de ces réalités sur un groupe de jeunes, dans une communauté isolée du Québec.

Première création de la jeune compagnie Kill ta peur, cette « fable rurale » sur la fermeture et la peur de l’autre verra le jour à partir du 6 novembre, à Premier Acte, trois ans après avoir été lancée sur les rails.

Léa Aubin et Gabriel Cloutier Tremblay, les auteurs de la pièce, se sont connus lors de leur passage au Conservato­ire d’art dramatique de Québec, en 2012. Ils ont fondé leur compagnie de théâtre à la fin de leurs études, en 2015.

« On a réalisé qu’on avait une vision commune du théâtre et de ce qu’on avait envie de dire et de faire, et nous nous sommes lancés dans l’écriture », a indiqué Léa Aubin lors d’un entretien.

Les huit personnage­s de La fille qui s’promène avec une hache ont vu le jour lors d’un exercice de création réalisé au Conservato­ire.

« Nous nous sommes questionné­s sur ce qu’on voulait aborder et on a eu l’idée commune de se pencher sur les conséquenc­es à long terme du manque d’éducation, de l’isolement, de la désinforma­tion, du protection­nisme, et comment cela pouvait s’incarner dans une microsocié­té de jeunes vivant dans une région isolée du Québec », a raconté Gabriel Cloutier Tremblay.

UNE CRÉATION QUI A MÛRI

L’histoire de La fille qui s’promène avec une hache débute au lendemain des attentats terroriste­s du 11 septembre 2001. Un moment, explique Léa Aubin, qui coïncide avec la montée de la xénophobie. Une peur de l’autre magnifiée et polarisée par les réseaux sociaux.

On retrouve un groupe de jeunes qui vivent dans une microsocié­té prise dans ses préjugés et ses croyances.

« Des jeunes qui sont voués à reproduire le modèle parental qui leur est offert, et sans autre espoir. On suit Cindy-lou, une jeune fille qui ne veut pas finir comme ses parents et qui va essayer de tout faire pour s’en sortir et aller à contre-courant », a expliqué Gabriel Cloutier Tremblay.

Léa Aubin personnifi­e Cindy-lou. Une jeune fille qui refuse le modèle qu’on lui a présenté.

« Elle ne veut pas finir comme sa mère. Elle cherche à s’accrocher à quelque chose afin de se sortir de cet immobilism­e, et elle trouve une porte de sortie dans l’armée. Cindy-lou se met à avoir un rêve et elle y met toute son énergie », a-t-elle mentionné.

Les deux auteurs et comédiens ont choisi d’exploiter le tout avec humour.

« On ne voulait pas arriver avec un ton moralisate­ur, critique, et nourrir le cynisme », a précisé Gabriel Cloutier Tremblay, qui signe aussi la scénograph­ie et la mise en scène de ce spectacle.

La volonté de la compagnie Kill ta peur est d’aborder des enjeux réels, ancrés dans la société et de le faire dans un traitement scénique diversifié et qui secoue les traditions.

« Une de nos missions est d’exploiter des esthétique­s particuliè­res et amener des théâtralit­és différente­s », a-t-il mentionné.

La fille qui s’promène avec une hache a été présentée six fois en avril dernier dans le rez-de-chaussée d’un immeuble à condos de Québec.

« Cette première diffusion nous a permis de rencontrer le public et d’avoir un premier retour. Le projet a mûri depuis, et c’est ça qui est le fun », a confié Gabriel Cloutier Tremblay. La fille qui s’promène avec une hache est à l’affiche du 6 au 24 novembre, à Premier Acte.

« Pis tu créras pas ça ! Partout où c’qu’a l’allait, y avait des races ! » – Fanny

 ?? PHOTOS DAVID MENDOZA HÉLAINE ?? 1 et 2. La fille qui s’promène avec une hache est la première création de la compagnie Kill ta peur. 3. Léa Aubin, lors des répétition­s.
PHOTOS DAVID MENDOZA HÉLAINE 1 et 2. La fille qui s’promène avec une hache est la première création de la compagnie Kill ta peur. 3. Léa Aubin, lors des répétition­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada