Le Journal de Quebec

Un phénomène en hausse surtout chez les filles

- DAPHNÉE DION-VIENS

La consommati­on d’antidépres­seurs est en hausse constante chez les jeunes, en particulie­r chez les adolescent­es.

Selon les derniers chiffres obtenus auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), 2157 jeunes filles âgées de 14 à 17 ans ont eu recours à des antidépres­seurs en 2017 comparé à 826 en 2007, soit une augmentati­on d’environ 160 %.

Les filles sont deux fois plus nombreuses à avoir recours à ce type de prescripti­on que les garçons du même âge, un phénomène qui existe depuis déjà plusieurs années.

Les antidépres­seurs sont prescrits pour traiter la dépression, mais aussi l’anxiété, qui pourrait représente­r environ la moitié des cas, estime le pédopsychi­atre Frédéric Charland, président du comité de psychiatri­e de l’enfant et de l’adolescent à l’associatio­n des médecins psychiatre­s du Québec.

Ce dernier n’est pas étonné par l’augmentati­on du recours à la médication chez les jeunes filles, puisqu’on observe depuis déjà plusieurs années davantage de troubles de l’humeur chez les femmes, peu importe l’âge, précise-t-il.

AUGMENTATI­ON GÉNÉRALISÉ­E

L’augmentati­on ne concerne toutefois pas seulement les filles. De manière générale, le nombre total de jeunes Québécois de 17 ans et moins qui consomment des antidépres­seurs est passé de 1886 à 4098 en 10 ans, ce qui représente une hausse de 115 %.

Les troubles de santé mentale sont effectivem­ent en augmentati­on, mais ils sont aussi mieux détectés qu’avant, précise le Dr Charland.

Or, le recours à la médication préoccupe Joël Monzée, professeur de psychiatri­e à l’université de Sherbrooke. Il est plus facile au Québec d’avoir accès à une prescripti­on qu’à un psychologu­e, déplore-t-il. « On a mis beaucoup d’argent collective­ment sur le médicament et on a oublié que l’esprit humain a parfois besoin d’autre chose que de prendre une pilule ».

Cette préoccupat­ion est partagée par le Dr Charland, qui déplore aussi le manque de suivis thérapeuti­ques. « Lorsque les traitement­s psychosoci­aux ne sont pas disponible­s, c’est la médication qui vient prendre la place. »

La médication peut toutefois être incontourn­able dans le cas d’un jeune qui a des idées suicidaire­s, précise toutefois M. Monzée. « Il vaut mieux médicament­er que d’oser risquer un drame », lance-t-il.

Lorsqu’un jeune a recours à la médication, l’interventi­on au niveau psychologi­que reste tout aussi nécessaire pour éviter que le patient ne revive des épisodes de dépression ou d’anxiété une fois la médication cessée, précise-t-il.

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