L’extrême droite au pouvoir
Le candidat controversé Jair Bolsonaro remporte le deuxième tour du scrutin présidentiel avec 55 % des voix
RIO DE JANEIRO | (AFP) Appelant à « changer le destin du Brésil », le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu président haut la main hier, avec 55,15 % des voix, contre 44,85 % pour son adversaire de gauche Fernando Haddad.
« Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche », a affirmé ce chantre de la dictature militaire (19641985) dans son premier discours, retransmis en direct sur Facebook.
« Ensemble, nous allons changer le destin du Brésil », a insisté l’ex-capitaine de l’armée de 63 ans, qui prendra les rênes du plus grand pays d’amérique latine en janvier, grâce aux suffrages de plus de 57 millions d’électeurs.
Dès l’annonce des premiers résultats partiels, des feux d’artifice ont été tirés sur la plage de Barra da Tijuca, où des dizaines de milliers de partisans de Bolsonaro étaient rassemblés devant son domicile pour célébrer la victoire de l’ex-capitaine de l’armée.
INDIGNÉS ET EXASPÉRÉS
« Nous sommes le peuple indigné, exaspéré par la violence et la corruption. Le peuple a parlé. C’est la première fois que je me sens représenté », s’est exclamé André Luiz Lobo, chef d’entreprise noir de 38 ans.
Sur la plage de Barra da Tijuca, de nombreux militants criaient aussi des insultes contre le Parti des travailleurs (PT) de Fernando Haddad et son mentor, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré pour corruption depuis avril.
Dans son premier discours après l’an- nonce des résultats, Fernando Haddad n’a pas félicité le vainqueur et a demandé à ce que ses « 45 millions d’électeurs soient respectés ».
« Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant », a-t-il dit. « Nous avons la responsabilité de représenter une opposition qui place les intérêts de la Nation au-dessus de tout. »
PROMESSE
Entouré de sa troisième épouse Michelle et d’un pasteur évangélique, Jair Bolsonaro a promis que son gouvernement « défendra la Constitution, la démocratie, la liberté ».
« Ceci n’est ni la promesse d’un parti ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu », a-t-il poursuivi, répondant ainsi à ses détracteurs qui le voient comme une menace pour la démocratie.
À Sao Paulo, plus grande métropole du Brésil, des milliers de partisans de Bolsonaro sont également descendus dans les rues, notamment Avenue Paulista, une des principales artères de la mégalopole.
Dans un pays miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë en la classe politique, Jair Bolsonaro a réussi à s’imposer comme l’homme à poigne dont le Brésil aurait besoin.