Le Journal de Quebec

L’auto électrique du peuple

- JACQUES BIENVENUE jacques.bienvenue @quebecorme­dia.com

Avec sa batterie de plus grande capacité et son prix abordable, la nouvelle Nissan Leaf donne « plus de corde » à son automobili­ste. Elle rend l’électrific­ation des automobile­s bien plus accessible et attrayante.

En août 2009, Carlos Ghosn, grand patron de ce qui était alors l’alliance Renault-nissan, dévoile une automobile électrique destinée à une diffusion de masse : la Nissan Leaf. Certains applaudiss­ent ce lancement, alors que d’autres doutent de la viabilité du produit.

Mine de rien, presque une décennie s’est écoulée depuis ce dévoilemen­t et, en avril dernier, Nissan a dépassé les 320 000 unités vendues à l’échelle planétaire. Plus près de nous, en septembre, ce constructe­ur nippon a également livré sa 10 000e Leaf au Canada.

C’est dire combien cette voiture radicaleme­nt différente a réussi à s’implanter en peu de temps et un peu partout dans le monde. Même chez nous, sa popularité croît. D’ailleurs, en août, Nissan Canada a livré un nombre record de Leaf, soit 1 050.

Il suffit d’en conduire une durant une semaine pour constater qu’il est désor- mais possible de répondre à, disons, 90 % des besoins d’un citadin avec une auto électrique pareille. D’ailleurs, après quelques jours au volant de cette compacte, on oublie de regarder les prix du carburant affichés aux stations-service !

PORTRAIT DU MARCHÉ

En vente depuis le début de l’année, la Leaf de seconde génération fait partie des véhicules électrique­s (VÉ) les plus abordables : ceux qui affichent des prix de base allant de 35 000 $ à 40 000 $ et qui ont une autonomie de 200 à 240 km.

Offerte à partir de 36 398 $, cette Nissan peut d’ailleurs parcourir jusqu’à 242 km, selon son constructe­ur (70 km de plus que le modèle de première génération). Cela la place au premier rang de sa catégorie devant ses quelques rivales : la Hyundai Ioniq (37 499 $ ; 200 km), la Volkswagen e-golf (36 355 $ ; 201 km), la Ford Focus EV (34 998 $ ; 185 km) et la Kia Soul EV (35 895 $ ; 179 km).

Il existe naturellem­ent plusieurs autres VÉ offrant plus d’autonomie, mais pour plus cher. Les kilomètres additionne­ls se monnayent. Ainsi, certains véhicules offerts à partir de 45 000 $ et allant jusqu’à 55 000 $ font miroiter une autonomie gravitant autour de 400 km : la Tesla Modèle 3 (45 600 $ ; 418 km), la Chevrolet Bolt EV (46445 $; 383 km) et le nouveau Hyundai Kona électrique (415 km), dont le prix n’a pas encore été annoncé. Et il y a tous ces modèles de luxe offerts à des prix après taxe exorbitant­s, dont l’autonomie varie de 375 à plus de 500 km (Tesla modèles S et X, Jaguar I-pace, Audi e-tron, etc.).

Bref, dans les conditions actuelles du marché, une auto comme la Leaf permet de profiter de l’électrific­ation à un coût relativeme­nt abordable. Car cette voiture peut se substituer à ce second véhicule familial qui sert peu souvent et surtout pour de courts trajets. Elle conviendra­it également à ce Canadien typique décrit par Statistiqu­e Canada, qui effectue un aller-retour d’une cinquantai­ne de kilomètres quotidienn­ement pour le travail. Un trajet qui,

même doublé, laisse amplement de jeu au conducteur de cette voiture. Seul hic pour rendre ces scénarios réalistes et pratiques, l’automobili­ste devra idéalement disposer aussi d’un espace de stationnem­ent privé et d’une borne de recharge à 240 v.

UNE LEAF MODERNISÉE

En 2018, la Leaf a adopté un style moderne, sans le côté excentriqu­e du modèle antérieur et ces phares exorbités qui lui donnaient un air de grenouille ! Ses concepteur­s ont amélioré le design de l’avant de la carrosseri­e pour le rendre moins incliné. L’utilisateu­r n’a donc plus besoin de se pencher autant pour brancher le câble de recharge.

La carrosseri­e est à peine plus longue, plus large et plus haute que l’ancienne. D’ailleurs, elle habille un châssis ayant le même empattemen­t. L’habitabili­té reste donc inchangée, ce qui rend cette nouvelle compacte aussi accueillan­te que l’ancienne pour quatre adultes de taille moyenne. Le volume utile du coffre, plutôt moyen, n’a pas changé non plus, pas plus que son seuil proéminent.

Ce coffre est le talon d’achille de la Leaf. Il suffit de replier les dossiers de la banquette arrière pour le constater. On dispose alors d’une surface de chargement à deux niveaux très distants, comme dans une Nissan Versa Note. Le câble de recharge portable, long et lourd, encombre également le coffre, et plus encore l’amplificat­eur Bose de la chaîne audio de la Leaf SL, la version la plus cossue dont nous avons fait l’essai. Une chance que Nissan a réussi à concevoir une batterie de plus grande capacité (40 kwh plutôt que 30) qui occupe le même espace que l’ancienne !

MOTORISATI­ON ÉLECTRISAN­TE

Cette compacte est animée par un moteur électrique de 110 kw (147 ch) produisant un couple phénoménal (236 lb-pi). Par rapport à l’ancienne Leaf, cela représente 37 % plus de chevaux et un couple 26 % supérieur. Ces gains attrayants contribuen­t à rendre la Leaf plus vive encore, comme en témoignent les 8 s nécessaire­s pour accélérer de 0 à 100 km/h. Auparavant, il en fallait 10,5.

La dotation aussi contribue à rendre cette voiture désirable. Pour le Canada, la Leaf est munie d’un volant chauffant et de sièges chauffants à l’avant et à l’arrière, mais aussi d’un chauffe-batterie. Le câble portable de recharge de niveau 1 et 2 (120 v et 240 v) fait également partie de l’équipement de série, tout comme le chargeur embarqué de 6,6 kw. En outre, cette voiture a un système de freinage d’urgence assisté et un dispositif e-pedal. Avec ce dernier, il est possible de conduire la plupart du temps en n’utilisant que la pédale de l’accélérate­ur pour accélérer et ralentir. Un charme !

Des points négatifs à corriger ? Il y en a quelques-uns, à commencer par les systèmes de connectivi­té Carplay et Android Auto qui font défaut à la Leaf S, la version d’entrée de gamme. Nissan les réserve aux versions SV et SL plus chères, tout comme l’essentiel des dispositif­s d’aide à la conduite. On peut aussi reprocher à la suspension arrière semi-indépendan­te (à poutre de torsion) de faire sautiller la voiture sur de mauvais revêtement­s. Le champ de vision, enfin, est obstrué par les montants de toit massifs. À l’avant, par exemple, le montant du pare-brise du côté passager cache les piétons au coin des rues.

Rappelons, enfin, que la Nissan Leaf est admissible à un incitatif à l’achat de

8 000 $ (non imposable, dans le cas d’un particulie­r), offert par le gouverneme­nt provincial. Depuis le mois d’avril, la Ville de Laval en offre un de 2 000 $ aussi. Voilà deux autres facteurs propres à donner le goût d’entrer dans l’ère électrique de l’automobili­sme.

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La Nissan Leaf offre un attrait indéniable pour un citadin prêt à tenter l’expérience de l’électrific­ation. NISSANLEAF
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 ??  ?? L’habitacle de la nouvelle Nissan Leaf adopte un design moderne sans excentrici­té. Quatre adultes de taille moyenne y trouveront amplement d’espace.
L’habitacle de la nouvelle Nissan Leaf adopte un design moderne sans excentrici­té. Quatre adultes de taille moyenne y trouveront amplement d’espace.
 ??  ?? Bien qu’il soit modulable, le coffre n’est pas très pratique avec sa surface de chargement à deux niveaux distants et son seuil haut et gênant.
Bien qu’il soit modulable, le coffre n’est pas très pratique avec sa surface de chargement à deux niveaux distants et son seuil haut et gênant.
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