Le Journal de Quebec

L’identité des acheteurs de pot à risque

L’adresse IP des Québécois qui consultent le site web de la SQDC passe par la Californie

- FRANCIS HALIN

Sans que le client le sache, l’adresse IP de l’ordinateur avec lequel il consulte le site web de la Société québécoise du cannabis (SQDC) est récupérée aux États-unis par l’entremise du logiciel américain Imperva utilisé par la société d’état.

« À partir du moment où la donnée transite par leurs infrastruc­tures, si le gouverneme­nt américain, pour diverses raisons, pense que ça vaut le coût et leur donne le mandat d’intercepte­r les données, il a la possibilit­é de le faire », craint le PDG de Streamscan, Karim Ganame.

En gros, quand un client va sur le site web de la Société québécoise du cannabis (SQDC), sa requête est envoyée sur un serveur d’imperva, dont le siège social est en Californie, avant d’être redirigée sur le site de la SQDC et les serveurs Microsoft ici ( voir tableau).

Résultat, Imperva connaît les adresses IP de tous les visiteurs du site de la SQDC et pourrait être obligée de les montrer aux services secrets américains en vertu de la nouvelle mouture du Patriot Act appelée le Freedom Act ( voir boîte plus haut).

MAUVAIS CHOIX

« Le minimum, c’est d’éviter de faire affaire avec une compagnie aux États-unis, avec tout ce qui existe comme le Patriot Act », déplore Karim Ganame, patron de Streamscan.

Un avis partagé par le président d’intrasecur­e, Nicolas-loïc Fortin. « Il y a un risque parce que les Américains peuvent faire ce qu’ils veulent chez eux », prévient-il.

« C’est grave. Le choix d’aller avec Microsoft Azure n’est pas idéal non plus », regrette le spécialist­e en sécurité informatiq­ue Éric Parent qui estime que la société d’état « manque de maturité ».

Jointe par Le Journal, la SQDC a reconnu qu’imperva a bel et bien toutes les adresses IP des visiteurs de son site.

« Oui, avec Imperva, il y a des enjeux américains, mais les données nominative­s ne sont pas hébergées aux États-unis », s’est défendu son porte-parole Mathieu Gaudreault, ajoutant que le site web de la SQDC et son serveur Microsoft Azure sont hébergés ici. La SQDC offre la possibilit­é de créer son compte en ligne ou bien d’acheter ses produits en tant qu’invité « pour procéder avec un peu plus de confidenti­alité », peut-on lire sur son site.

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PHOTO FRANCIS HALIN Un employé du Journal s’est fait passer pour un client d’imperva auprès d’un agent de soutien technique. Ce dernier a confirmé que l’adresse IP des Québécois qui consultent le site web de la SQDC passe toujours par son siège social en Californie.

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