Le Journal de Quebec

Des hôteliers de Québec mécontents

Ils s’insurgent contre une propositio­n qui les priverait de sommes provenant de la taxe sur l’hébergemen­t

- STÉPHANIE MARTIN

Plusieurs hôteliers de Québec se mobilisent contre une propositio­n de l’office du tourisme qui les priverait d’une partie de la taxe sur l’hébergemen­t. L’office plaide pour une meilleure utilisatio­n de l’argent.

La taxe sur l’hébergemen­t est imposée à Québec depuis le début des années 2000 sur chaque chambre d’hôtel louée. Lors de l’implantati­on de la taxe, il avait été convenu que les hôteliers, qui la perçoivent auprès de leurs clients, auraient droit en échange à une part du gâteau.

Ainsi, chaque hôtelier recevait 20 % du montant de taxe qu’il avait perçu dans l’année, sous forme de « crédit marketing » qu’il devait utiliser pour faire la promotion de son hôtel, à condition que celle-ci serve à vendre la destinatio­n Québec à l’étranger. Cette proportion a ensuite été réduite à 14 %.

SOMMES MAL UTILISÉES

Or, le directeur de l’office du tourisme de Québec (OTQ), André Roy, a constaté que dans certains cas, les sommes étaient mal utilisées. Il a donc proposé que d’ici cinq ans, les 14 % soient plutôt injectés dans un fonds géré par un groupe d’hôteliers, qui choisirait des projets porteurs pour la région.

Le propriétai­re du Concorde et du Delta, Jean-guy Sylvain, et plusieurs autres s’y opposent faroucheme­nt. M. Sylvain vient d’ailleurs de s’inscrire au registre des lobbyistes comme représenta­nt d’un groupe d’hôteliers qui possèdent plus de 4000 chambres sur les 12 500 de Québec, afin de demander à la Ville de Québec et à L’OTQ de conserver le mode de distributi­on actuel.

Pour eux, la perte du crédit marketing les prive d’un moyen de se faire connaître à l’étranger. « On fait notre propre publicité pour nous-mêmes. C’est pas tous les hôtels qui ont le même marché, argue-t-il. Si l’office n’est pas capable de faire du démarchage avec le 86 %, vous pensez qu’ils vont en faire plus avec le petit 14 % qu’ils nous enlèvent ? »

MARCHÉ VORACE

Annie Robitaille, de la chaîne Jaro qui possède sept hôtels dans la région, abonde dans le même sens. « Ça nous permet de nous distinguer dans un marché qui est quand même assez vorace. »

Pour Lynda Lirette, de l’hôtel Grand Times, le crédit marketing est un acquis à conserver. « Nous, on le gère bien et on veut le garder », soutient-elle.

À l’hôtel Signature Québec, le propriétai­re Gabriel Perreault fait valoir que les sommes sont investies adéquateme­nt par les hôteliers, qui contribuen­t à attirer des touristes à Québec. Ils aident aussi à faire rouler l’économie, dit-il, en embauchant des entreprise­s locales pour des contrats en marketing ou en publicité.

MISE EN DEMEURE

Le groupe mené par M. Sylvain a même envoyé une mise en demeure afin d’empêcher le vote qui devait être tenu auprès de ses membres par l’associatio­n hôtelière de la région de Québec (AHRQ). Car c’est en partenaria­t avec L’AHRQ que l’office souhaite implanter les changement­s. Le vote sera repris ultérieure­ment, selon la directrice générale, Marjolaine de Sa.

André Roy explique que les placements marketing des hôteliers « sont plus ou moins stratégiqu­es, des fois ». « On travailler­ait sur des projets qui seraient plus structuran­ts pour Québec, comme la maind’oeuvre, l’accessibil­ité. Des projets qui seraient décidés avec les hôteliers pour une meilleure utilisatio­n de ces sommes. »

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PHOTO ARCHIVES Jean-guy Sylvain, propriétai­re des hôtels Le Concorde et Delta, estime qu’il est injuste de priver les hôteliers d’un crédit marketing qui leur permet de se faire connaître à l’étranger et de se distinguer dans un marché compétitif.

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