Des hôteliers de Québec mécontents
Ils s’insurgent contre une proposition qui les priverait de sommes provenant de la taxe sur l’hébergement
Plusieurs hôteliers de Québec se mobilisent contre une proposition de l’office du tourisme qui les priverait d’une partie de la taxe sur l’hébergement. L’office plaide pour une meilleure utilisation de l’argent.
La taxe sur l’hébergement est imposée à Québec depuis le début des années 2000 sur chaque chambre d’hôtel louée. Lors de l’implantation de la taxe, il avait été convenu que les hôteliers, qui la perçoivent auprès de leurs clients, auraient droit en échange à une part du gâteau.
Ainsi, chaque hôtelier recevait 20 % du montant de taxe qu’il avait perçu dans l’année, sous forme de « crédit marketing » qu’il devait utiliser pour faire la promotion de son hôtel, à condition que celle-ci serve à vendre la destination Québec à l’étranger. Cette proportion a ensuite été réduite à 14 %.
SOMMES MAL UTILISÉES
Or, le directeur de l’office du tourisme de Québec (OTQ), André Roy, a constaté que dans certains cas, les sommes étaient mal utilisées. Il a donc proposé que d’ici cinq ans, les 14 % soient plutôt injectés dans un fonds géré par un groupe d’hôteliers, qui choisirait des projets porteurs pour la région.
Le propriétaire du Concorde et du Delta, Jean-guy Sylvain, et plusieurs autres s’y opposent farouchement. M. Sylvain vient d’ailleurs de s’inscrire au registre des lobbyistes comme représentant d’un groupe d’hôteliers qui possèdent plus de 4000 chambres sur les 12 500 de Québec, afin de demander à la Ville de Québec et à L’OTQ de conserver le mode de distribution actuel.
Pour eux, la perte du crédit marketing les prive d’un moyen de se faire connaître à l’étranger. « On fait notre propre publicité pour nous-mêmes. C’est pas tous les hôtels qui ont le même marché, argue-t-il. Si l’office n’est pas capable de faire du démarchage avec le 86 %, vous pensez qu’ils vont en faire plus avec le petit 14 % qu’ils nous enlèvent ? »
MARCHÉ VORACE
Annie Robitaille, de la chaîne Jaro qui possède sept hôtels dans la région, abonde dans le même sens. « Ça nous permet de nous distinguer dans un marché qui est quand même assez vorace. »
Pour Lynda Lirette, de l’hôtel Grand Times, le crédit marketing est un acquis à conserver. « Nous, on le gère bien et on veut le garder », soutient-elle.
À l’hôtel Signature Québec, le propriétaire Gabriel Perreault fait valoir que les sommes sont investies adéquatement par les hôteliers, qui contribuent à attirer des touristes à Québec. Ils aident aussi à faire rouler l’économie, dit-il, en embauchant des entreprises locales pour des contrats en marketing ou en publicité.
MISE EN DEMEURE
Le groupe mené par M. Sylvain a même envoyé une mise en demeure afin d’empêcher le vote qui devait être tenu auprès de ses membres par l’association hôtelière de la région de Québec (AHRQ). Car c’est en partenariat avec L’AHRQ que l’office souhaite implanter les changements. Le vote sera repris ultérieurement, selon la directrice générale, Marjolaine de Sa.
André Roy explique que les placements marketing des hôteliers « sont plus ou moins stratégiques, des fois ». « On travaillerait sur des projets qui seraient plus structurants pour Québec, comme la maind’oeuvre, l’accessibilité. Des projets qui seraient décidés avec les hôteliers pour une meilleure utilisation de ces sommes. »