Le Journal de Quebec

L’absence climatique de Legault

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

François Legault n’ira pas en Pologne à la grande conférence de la COP24.

La fois où Mariechant­al Chassé a pris la parole, le point de presse est devenu viral tant ses réponses étaient ineptes.

Les opposition­s ont déjà commencé à dénoncer cette décision hier.

Le nouveau premier ministre caquiste aurait aimé y aller, car cela aurait donné du crédit à son mea culpa, le jour de l’assermenta­tion : « On a bien reçu le message de la population pendant la campagne. On doit en faire plus pour lutter contre le réchauffem­ent climatique. »

CONFLIT D’HORAIRE

Mais il y a conflit d’horaire. Tout est une question de priorité, me direz-vous. Et les changement­s climatique­s, surtout avec les derniers rapports du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC), sont ce qu’on peut appeler une priorité.

L’ennui est le suivant : le chef caquiste peut-il vraiment être absent pendant les seuls six jours où siégera l’assemblée nationale avant Noël ?

Ce seront les premiers pas de sa formation politique dans son rôle de groupe parlementa­ire dominant. Des projets de loi doivent être déposés. Il devra répondre à ses premières questions en chambre.

Or, non seulement M. Legault est-il le premier ministre issu de ce groupe, mais dans la députation caquiste, ils ne sont que trois à posséder une expérience parlementa­ire. Dont lui.

REMPLAÇANT­E RISQUÉE

C’est sa ministre de l’environnem­ent Mariechant­al Chassé qui fera donc le déplacemen­t à Katowice en Pologne à la COP24. Cela n’est pas sans risque pour le gouverneme­nt.

La dernière fois qu’elle a pris la parole, le 23 octobre, le point de presse est devenu viral tant ses réponses étaient ineptes.

Elle devait commenter la décision d’ottawa de compenser les provinces récalcitra­ntes en matière de lutte aux changement­s climatique­s, après les avoir taxées.

Mme Chassé ne semblait pas saisir les enjeux que soulevait ce choix du gouverneme­nt Trudeau.

On lui a demandé si les Québécois n’auraient pas droit, de la part du fédéral, à une forme de compensati­on pour les efforts qu’ils ont consentis en matière de lutte aux GES.

Après avoir loué la décision du gouverneme­nt Trudeau de reconnaîtr­e la bourse du carbone à laquelle le Québec a adhéré – ce qui n’a pourtant rien de surprenant –, elle a répondu sans aucun rapport avec le sujet : « Nous nous sommes déjà engagés très clairement à retourner de l’argent aux familles. »

Bien sûr, la ministre commence à peine son mandat. Elle est non seulement peu préparée à être responsabl­e des questions environnem­entales, elle n’a également aucune expérience politique.

L’INTENDANCE ET LE POUVOIR

N’empêche, pourquoi a-t-elle commandé un point de presse cette journée-là ? Et si son bagage ne lui permet pas de comprendre illico les dossiers, on est en droit de se demander si elle est à sa place.

Dans son éditorial du numéro d’octobre de la revue L’action nationale, après s’être réjoui de la débâcle du PLQ, Robert Laplante écrit : « La CAQ ne coalise que la candeur. Ce n’est pas tant l’inexpérien­ce de ses candidats qui sera le problème, [mais] la totale inculture politique de cette formation qui confond le pouvoir et l’intendance. »

La phrase est extrêmemen­t sévère. Espérons pour le Québec qu’elle soit erronée.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada