L’absence climatique de Legault
François Legault n’ira pas en Pologne à la grande conférence de la COP24.
La fois où Mariechantal Chassé a pris la parole, le point de presse est devenu viral tant ses réponses étaient ineptes.
Les oppositions ont déjà commencé à dénoncer cette décision hier.
Le nouveau premier ministre caquiste aurait aimé y aller, car cela aurait donné du crédit à son mea culpa, le jour de l’assermentation : « On a bien reçu le message de la population pendant la campagne. On doit en faire plus pour lutter contre le réchauffement climatique. »
CONFLIT D’HORAIRE
Mais il y a conflit d’horaire. Tout est une question de priorité, me direz-vous. Et les changements climatiques, surtout avec les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), sont ce qu’on peut appeler une priorité.
L’ennui est le suivant : le chef caquiste peut-il vraiment être absent pendant les seuls six jours où siégera l’assemblée nationale avant Noël ?
Ce seront les premiers pas de sa formation politique dans son rôle de groupe parlementaire dominant. Des projets de loi doivent être déposés. Il devra répondre à ses premières questions en chambre.
Or, non seulement M. Legault est-il le premier ministre issu de ce groupe, mais dans la députation caquiste, ils ne sont que trois à posséder une expérience parlementaire. Dont lui.
REMPLAÇANTE RISQUÉE
C’est sa ministre de l’environnement Mariechantal Chassé qui fera donc le déplacement à Katowice en Pologne à la COP24. Cela n’est pas sans risque pour le gouvernement.
La dernière fois qu’elle a pris la parole, le 23 octobre, le point de presse est devenu viral tant ses réponses étaient ineptes.
Elle devait commenter la décision d’ottawa de compenser les provinces récalcitrantes en matière de lutte aux changements climatiques, après les avoir taxées.
Mme Chassé ne semblait pas saisir les enjeux que soulevait ce choix du gouvernement Trudeau.
On lui a demandé si les Québécois n’auraient pas droit, de la part du fédéral, à une forme de compensation pour les efforts qu’ils ont consentis en matière de lutte aux GES.
Après avoir loué la décision du gouvernement Trudeau de reconnaître la bourse du carbone à laquelle le Québec a adhéré – ce qui n’a pourtant rien de surprenant –, elle a répondu sans aucun rapport avec le sujet : « Nous nous sommes déjà engagés très clairement à retourner de l’argent aux familles. »
Bien sûr, la ministre commence à peine son mandat. Elle est non seulement peu préparée à être responsable des questions environnementales, elle n’a également aucune expérience politique.
L’INTENDANCE ET LE POUVOIR
N’empêche, pourquoi a-t-elle commandé un point de presse cette journée-là ? Et si son bagage ne lui permet pas de comprendre illico les dossiers, on est en droit de se demander si elle est à sa place.
Dans son éditorial du numéro d’octobre de la revue L’action nationale, après s’être réjoui de la débâcle du PLQ, Robert Laplante écrit : « La CAQ ne coalise que la candeur. Ce n’est pas tant l’inexpérience de ses candidats qui sera le problème, [mais] la totale inculture politique de cette formation qui confond le pouvoir et l’intendance. »
La phrase est extrêmement sévère. Espérons pour le Québec qu’elle soit erronée.