Le Journal de Quebec

QS : l’avenir du souveraini­sme ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Depuis l’élection du 1er octobre, les souveraini­stes font face à une réalité triplement nouvelle.

D’abord, les partis souveraini­stes ont été réduits au rang de tiers partis.

Ensuite, au sein même du camp souveraini­ste, une guerre fratricide a opposé QS au PQ et a laissé des plaies vives.

Finalement, le résultat électoral a changé le rapport de force entre les deux formations qui font désormais presque jeu égal.

CONFIANCE ?

L’introducti­on du scrutin proportion­nel, si elle se matérialis­e, achèvera d’institutio­nnaliser cette division du camp souveraini­ste.

Plusieurs sont curieux de voir ce que ferait un gouverneme­nt Legault truffé de gens issus du PQ quand il se heurtera à répétition au corset canadien.

D’autres, surtout chez les jeunes, semblent croire que si le mouvement souveraini­ste a un avenir – un gros « si » –, cet avenir passe désormais par QS. Le PQ serait condamné aux poubelles de l’histoire.

J’invite ces jeunes à prendre en considérat­ion trois éléments.

Premièreme­nt, convaincre un peuple de vous suivre dans un projet aussi engageant que la souveraine­té suppose une grande confiance dans les dirigeants de ce mouvement.

On sait aujourd’hui que la feuille de route sur laquelle les négociateu­rs de QS et du PQ avaient apposé leurs signatures a été froidement torpillée par les dirigeants de QS.

Elle était pourtant souhaitée par la majorité de leurs militants et électeurs.

Il serait sage de réfléchir à ce que cela révèle sur eux.

Deuxièmeme­nt, il est bon de relire à tête reposée le programme de QS.

Il est d’un radicalism­e tel, qu’on se demande quel est le potentiel de croissance réel, dans une société nord-américaine ultra-modérée, d’une formation qui propose sérieuseme­nt d’étatiser des pans majeurs de notre économie et d’au mieux tolérer l’entreprise privée.

Troisièmem­ent, quand on se dit souveraini­ste, il faut avoir les idées claires et une démarche crédible.

Certes, QS dit noir sur blanc que la souveraine­té est « essentiell­e » et que le fédéralism­e est « irréformab­le », mais c’est après que les problèmes commencent.

CONTRADICT­ION

QS propose qu’on élise au suffrage universel une assemblée de citoyens. Parce qu’ils auraient été choisis par le peuple, ces gens sont censés être représenta­tifs.

Ils auraient pour tâche d’écouter le peuple, de recueillir ses vues et de rédiger une constituti­on.

Le référendum porterait sur cette constituti­on. Vous voyez le problème ?

Nulle part le programme ne dit que cette constituti­on serait celle d’un futur pays.

Elle risque même d’être « provincial­e » si elle est rédigée par des gens « représenta­tifs » de la majorité. Dans ce cas, à quoi servirait-elle ?

Comment expliquer cette contradict­ion massive relevée par peu d’observateu­rs ?

J’y vois un désir de ménager la chèvre et le chou compte tenu du fait qu’une part substantie­lle des électeurs de QS se dit… fédéralist­e.

QS, l’avenir du souveraini­sme : vraiment ?

Quand on se dit souveraini­ste, il faut avoir les idées claires et une démarche crédible.

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