ÉCHEC MASSIF DES FUTURS PROFS EN FRANÇAIS
JUSQU’À 76 % DES ÉTUDIANTS ÉCHOUENT CERTAINS ONT REPRIS LE TEST 11 FOIS
Jusqu’à trois étudiants sur quatre échouent à l’examen de français obligatoire pour les futurs profs, certains ayant dû le passer 11 fois avant de le réussir.
C’est ce que révèlent les plus récentes données obtenues par Le Journal à la suite d’une demande d’accès à l’information. Il n’y a qu’à l’université de Montréal où une majorité d’étudiants en enseignement réussissent du premier coup cet examen ( voir encadré).
La réussite du test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) est obligatoire pour l’obtention du brevet d’enseignement, mais le nombre de reprises est illimité.
Il est toutefois impossible de savoir si la situation s’est détériorée au fil des ans, puisqu’aucune compilation provinciale n’a été effectuée récemment, indique Serge Striganuk, président de l’association des doyens et directeurs pour l’étude et la recherche en éducation au Québec (ADEREQ).
De manière générale, M. Striganuk affirme que les résultats varient d’un établissement à l’autre et que la situation demeure difficile à expliquer, au-delà de « l’effet de cohorte ».
Pourtant, les universités ont mis en place depuis dix ans plusieurs mesures d’aide supplémentaires pour améliorer les compétences des étudiants en français, souligne le doyen de la Faculté des sciences de l’éducation de l’université de Sherbrooke.
UN EXAMEN DIFFICILE, MAIS PAS TROP
Préoccupé par les nombreux échecs des étudiants en début de parcours, Serge Striganuk ne considère toutefois pas que le niveau de l’examen est trop élevé, même s’il n’est pas facile à réussir.
« On est dans des compétences de haut niveau parce que le travail l’exige », lance-t-il.
Les étudiants qui viennent tout juste de terminer leurs études collégiales ne sont d’ailleurs pas prêts à passer cet examen, souligne Pascale Lefrançois, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation de l’université de Montréal et ancienne championne mondiale d’orthographe. « Moi, ce qui m’importe le plus, c’est le taux de réussite à l’obtention du diplôme et il est de 100 % [puisque la réussite de l’examen est obligatoire] », affirme-t-elle.
JUSQU’À 11 TENTATIVES
Or certains étudiants doivent passer l’examen à plusieurs reprises avant d’obtenir la note de passage. À l’université du Québec à Trois-rivières, des étudiants en enseignement de l’éducation physique ont dû passer l’examen 11 fois avant d’obtenir finalement la note de passage.
Il s’agit toutefois de cas d’exception, mentionne Serge Striganuk. Une analyse réalisée il y a quelques années a démontré qu’après quatre tentatives, seulement 3 % des futurs profs sont toujours en échec, indique-t-il.
L’ADEREQ demande tout de même à Québec depuis deux ans de limiter le nombre de passations à quatre.