La CSN craint d’avoir des « miettes »
Les travailleurs veulent avoir l’heure juste le plus rapidement possible
L’annonce du gouvernement fédéral d’octroyer des contrats totalisant 7 milliards $ à trois chantiers maritimes, dont celui de la Davie, a été accueillie de façon mitigée à Lévis.
Tous les intervenants s’accordent pour dire qu’il s’agit « d’un pas dans la bonne direction », selon l’expression du maire Gilles Lehouillier.
Par contre, le fait que les contrats ne débuteront qu’en 2021 a suscité beaucoup d’interrogations sur le chantier qui a vécu des centaines de mises à pied ces derniers mois.
« Les travailleurs, ils font quoi demain matin ? » s’est demandé Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–chaudière-appalaches de la CSN.
L’annonce gouvernementale parle de contrats de réfection pour 12 frégates à partager entre les trois principaux chantiers du pays. Évoquant « une très bonne nouvelle », le député libéral Joël Lightbound a fait savoir que les chantiers de Lévis et de Irving (Nouvelle-écosse) se partageront la réfection des sept frégates « selon le rythme des chantiers ».
Or, selon Mme Gingras, il s’agit là seulement de « miettes » accordées à la Davie. « Ça ne corrige rien. C’est le plus gros chantier au pays et on a (seulement) 60 travailleurs actuellement », a-t-elle vivement déploré.
La réaction est moins tranchée du côté de la direction de la Davie. Frédérik Boisvert a ainsi qualifié l’annonce gouvernementale de « bonne nouvelle ».
« Enfin, Chantier Davie est maintenant considéré dans le cadre de la stratégie nationale de construction navale, s’est-il félicité. On voit ici les premiers fruits de la réforme de cette stratégie qui n’allait nulle part. »
OBELIX RÉCLAMÉ
Tous ont réclamé que le chantier lévisien, qui a déjà livré le navire ravitailleur Asterix en respectant les délais et les budgets, obtienne le contrat de réfection du navire Obelix.
« Ça ferait un pont d’ici 2021 », a clamé la syndicaliste Ann Gingras, soutenue dans cette requête par la direction et par le maire.
Selon M. Boisvert, « si on l’obtient (l’obelix), on peut avoir 1500 travailleurs sur le chantier demain matin ».
PROMESSE DES CONSERVATEURS
De passage hier midi à Lévis pour le dîner-conférence de la Chambre de commerce, le chef conservateur Andrew Scheer a promis hier qu’un éventuel gouvernement conservateur accorderait immédiatement le contrat de l’obelix à la Davie.
« Il manque à Asterix la compagnie d’obelix », a-t-il imagé, suscitant de nombreux applaudissements des gens d’affaires. Selon lui, « ce n’est pas normal que le mégachantier (de la Davie) soit obligé de quêter des contrats, alors que les besoins opérationnels sont bien présents ».
En fin d’après-midi, en visite au chantier, M. Scheer a été chaleureusement accueilli par les travailleurs de la Davie à qui il a répété sa promesse. — Avec la collaboration de Jean-luc Lavallée et de Marc-andré Gagnon