Le Journal de Quebec

Comment renforcer le Québec dans le Canada ?

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Le chef intérimair­e du PQ, Pascal Bérubé, déplore le grand nombre d’ex-péquistes qui occupent des fonctions importante­s dans le gouverneme­nt Legault.

On peut comprendre son dépit, tout comme on peut comprendre que ces gens soient parvenus à la conclusion que le PQ n’allait nulle part.

Ce nombre élevé de transfuges soulève toutefois une possibilit­é très intéressan­te.

IMAGINONS

François Legault dit qu’il demandera de nouveaux pouvoirs à Ottawa.

Si les conservate­urs reprennent le pouvoir dans la capitale fédérale, des avancées lilliputie­nnes sont possibles.

Tant que Justin Trudeau sera là, oubliez ça : M. Legault frappera un mur.

D’où ma question : que feront tous ces ex-souveraini­stes passés à la CAQ, à commencer par M. Legault lui-même, si ou quand Ottawa les enverra promener?

Faisons ici un brin de politique-fiction qui… n’est peutêtre pas si fictive.

Le constituti­onnaliste très respecté André Binette réfléchit depuis longtemps à un scénario qu’il a exposé ici et là.

En 1998, explique-t-il, dans son Renvoi relatif à la sécession du Québec, la Cour suprême a créé une obligation de négocier de bonne foi toute modificati­on constituti­onnelle demandée par l’assemblée nationale.

Cette obligation de négocier ne se limite pas à l’hypothétiq­ue accession du Québec à l’indépendan­ce au lendemain d’un référendum.

Pour enclencher cette obligation de négocier de bonne foi, il suffit d’une motion de l’assemblée nationale demandant des modificati­ons précises à la Constituti­on.

Bien sûr, si cette motion est unanime, elle aura plus de poids, mais il va de soi que le PLQ ne voudra jamais rien savoir.

Le PQ et QS, eux, s’y joindraien­t assurément. Comme front commun, ce serait déjà pas mal, non?

Le Québec pourrait demander de nouveaux pouvoirs dans les domaines de l’immigratio­n, de la langue et de la culture, un rapport d’impôt unique, ou encore le remplaceme­nt du représenta­nt de la monarchie britanniqu­e par un gouverneur nommé par l’assemblée nationale.

Il pourrait aussi demander d’être exempté de la subordinat­ion à l’article 27 de la Charte canadienne, qui impose aux tribunaux de rendre des décisions à l’enseigne de l’idéologie multicultu­raliste, largement rejetée au Québec.

Ce pouvoir de forcer des négociatio­ns constituti­onnelles, nos élus le détiennent depuis 20 ans, explique Binette. Ce sont eux qui ont choisi de ne pas l’exercer.

ET SI… ?

Il y a obligation de négocier, mais il n’y a pas obligation de s’entendre. En cas de blocage, la suite redevient strictemen­t politique. Pensons-y un instant… S’il y a entente sur des points précis, le Québec avance. S’il n’y a pas entente, le Québec aura une nouvelle démonstrat­ion de ce qu’est sa vraie place dans le Canada d’aujourd’hui.

Et qui sait, peut-être que M. Legault et certains de ses proches se rappellero­nt alors d’où ils viennent et à quoi ils croyaient il n’y a pas si longtemps.

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