Non, l’ère des artistes engagés n’est pas révolue
« Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est une pétrolière », a lancé Yann Perreau à Justin Trudeau pendant le gala de L’ADISQ dimanche dernier.
Un message efficace, accessible et probant. Effectué avec poésie et respect, le chanteur a démontré qu’on n’avait pas besoin d’être agressif pour se faire entendre.
Émile Bilodeau, 22 ans, a quant à lui voulu passer un message au gouvernement caquiste.
Implorant François Legault de ne pas poursuivre le forage sur l’île d’anticosti, Bilodeau fut la voix de plusieurs jeunes qui souhaitent eux aussi voir leurs enfants grandir dans un Québec vert.
Certains auront beau traiter les « zartistes » d’émotifs et de rêveurs, ce sont quand même les seuls qui vulgarisent avec autant de sensibilité les situations les plus complexes.
La culture, miroir de notre société, est en effet là pour remettre en cause les décisions politiques. Et lorsque les artistes profitent de leur tribune pour brasser la cage de ceux qui nous gouvernent, notre société évolue.
Souvenez-vous de cette période emblématique où les Forestier, Piché et Charlebois se réunissaient pour propa- ger leur désir de voir le Parti québécois et notre province s’affranchir.
Souvenez-vous de la charismatique Pauline Julien, qui se levait avec force et confiance lorsque l’injustice sociale la tiraillait.
(Pstt... le documentaire sur sa vie est encore en salles !)
Souvenez-vous aussi des Colocs, 25 ans plus tard, impliqués avec autant de fougue que leurs prédécesseurs dans la cause souverainiste. Souvenez-vous-en, parce que ces périodes phares sont les racines de notre nation.
Et même si l’effervescence nationaliste s’est estompée après le référendum de 1995, la fougue engagée des artistes est restée.
Il est vrai que rares sont ceux qui se battent aujourd’hui pour faire entrer l’indépendance dans le coeur des Québécois, mais la protection de notre territoire n’est pas une cause moins noble.
SENTIMENT D’URGENCE
Le sentiment d’urgence qui habite ces Yann Perreau, Émile Bilodeau, Christine Beaulieu et plusieurs autres est nécessaire pour éclairer le peuple sur ce qui ne fonctionne pas.
Et même quand la politique divise et enrage, la culture, elle, continue de rassembler.