Le Journal de Quebec

Le blues de novembre

-

Le mois des morts porte bien son nom : c’est gris, y fait frette et les journées sont de plus en plus courtes. Sérieux, la journée où on recule l’heure est pour moi la plus déprimante de l’année. Les dernières feuilles, les plus tough de la gang, s’accrochent désespérém­ent aux arbres. Pis tu regardes en poussant un énorme soupir le meuble dans l’entrée où tu as rangé tous les trucs d’hiver : « Ça y est, c’est reparti pour un bon six mois. »

Les abris Tempo commencent à pousser dans les quartiers et, bien sûr, c’est le grand rush des pneus d’hiver qu’on remet toujours à la dernière minute.

De mon côté, pour la première fois de ma vie, j’y ai pensé avant la première neige. Je ne me suis jamais senti aussi adulte.

Vous le savez, ça ne me prend pas grand-chose pour valoriser mon grand sens des responsabi­lités. Mais la vie est une longue leçon d’humilité.

En me levant, dans le Nord, samedi dernier, je me suis dit : « Je fais rien aujourd’hui, je reste en mou à écouter un mélange de sport et de Netflix. Je ramasserai les feuilles demain. »

En me levant dimanche matin et en découvrant le grand tapis blanc qui recouvrait lesdites feuilles, je n’ai pas eu d’autre choix que de me dire : « Bravo le grand, ton sentiment d’adulte responsabl­e a été de courte durée. »

CALME

Malgré tout, je l’aime bien, ce temps-ci de l’année. Il y a comme un calme qui accompagne le mois de novembre.

Quand tu sors de chez toi un dimanche matin, tout paraît plus tranquille que d’habitude. On dirait qu’inconsciem­ment on se prépare mentalemen­t à une sorte d’hibernatio­n.

Pendant cette première neige, dimanche dernier, je me suis surpris à faire une grande marche en fin d’après-midi, juste comme la noirceur commençait à s’installer. Il y avait assez de fraîcheur pour avoir hâte de me faire un feu à mon retour. Les arbres étaient déjà recouverts d’un petit manteau blanc et comme les oiseaux ne chantent plus, ça donnait l’impression de vivre un moment figé dans le temps.

Comme tout le monde, je vis ce petit down psychologi­que qui vient avec le changement de saison. Cette petite marche, c’était justement pour me changer les idées. Juste le temps de contempler la brume qui allait bien avec l’ambiance d’halloween du week-end et le sourire revenait tranquille­ment.

PRESQUE NOËL

Après tout, dans cinq semaines, ce sera le retour de Ciné-cadeau et, je vous jure, je tape du pied depuis le début de la semaine pour faire mon arbre de Noël.

Contrairem­ent à l’été ou au printemps, alors que ça fait chi % $# ! qu’il pleuve, en novembre, c’est juste trop plaisant, ce fameux week-end habillé en mou.

Je propose que pendant tout le mois, tout le monde devrait avoir le droit de s’habiller en mou sept jours sur sept. Oui, même à la job.

Donc il reste juste à « shinner » ma pelle, dire bonjour à mon manteau d’hiver, pis essayer de retrouver l’autre fuc&? % $ ! gant que je perds chaque année… et, bien sûr, aussi compter les jours avant qu’on parte dans le Sud.

Car pour bien apprécier le gris, c’est bien important de le mélanger avec un peu de bleu !

Il y a comme un calme qui ccompagne le mois de novembre. On dirait qu’inconsciem­ment, on se prépare mentalemen­t à une sorte d’hibernatio­n.

Newspapers in French

Newspapers from Canada