Le Journal de Quebec

Ces entreprise­s d’ici qui financent des candidats américains

Les comités d’action politique des firmes québécoise­s chérissent les républicai­ns

- SYLVAIN LAROCQUE

Des entreprise­s québécoise­s persuadent leurs salariés américains de mettre la main à la poche pour soutenir des candidats aux élections susceptibl­es de les aider dans le développem­ent de leurs affaires au sud de la frontière.

Chez Bombardier, le PDG Alain Bellemare a versé 5000 $ US au comité d’action politique (PAC) de l’entreprise en avril. Pour les élections au Congrès américain, les PAC sont le principal moyen à la dispositio­n des entreprise­s, des syndicats et des lobbys pour financer des candidats.

M. Bellemare a le droit de contribuer à un PAC puisqu’il a acquis la citoyennet­é américaine alors qu’il travaillai­t pour UTC aux États-unis, de 2009 à 2015.

Au cours du présent cycle électoral, le PAC de Bombardier a versé 36 500 $ US à 11 candidats à la Chambre des représenta­nts et à neuf candidats au Sénat – 52 % à des républicai­ns et 48 % à des démocrates. Les deux principaux bénéficiai­res sont des élus du Kansas et de Virginie-occidental­e, où Bombardier a des installati­ons.

WSP EN TÊTE

Le plus important PAC issu d’une entreprise québécoise – et le deuxième au Canada après celui de la Banque TD – est celui de la firme d’ingénierie WSP Global. Il a versé 134 324 $ US à 58 candidats à la Chambre et à cinq candidats au Sénat – des démocrates dans une proportion de 55 %.

« WSP choisit les récipienda­ires de ses contributi­ons électorale­s en fonction des candidats qui investisse­nt dans les transports et les infrastruc­tures », explique une porte-parole, Isabelle Adjahi, en précisant que ce secteur génère près de 80 % des revenus de l’entreprise aux États-unis.

Le PAC de Produits forestiers Résolu arrive au deuxième rang. Son coprésiden­t, Seth Kursman, est un Américain qui habite à Montréal.

M. Kursman explique que seuls les cadres et les profession­nels peuvent contribuer à un PAC et que l’employeur ne peut pas les rembourser. Des « ambassadeu­rs » font des présentati­ons aux employés admissible­s pour les convaincre de donner au PAC.

Dans certaines localités, 40 % des employés admissible­s de Résolu contribuen­t au PAC – parfois jusqu’à concurrenc­e de 1 % de leur salaire annuel.

« Un supérieur ne sollicite jamais ses subalterne­s, ça ne serait pas équitable », note Seth Kursman.

Plus de 80 % des contributi­ons du PAC de Résolu, qui ont totalisé 76 200 $ US, sont allées à des candidats républicai­ns, une situation que l’entreprise explique par le fait que la plupart de ses usines sont situées dans des États majoritair­ement républicai­ns.

Résolu estime que ces contributi­ons financière­s ainsi que « le militantis­me politique » qu’elle pratique à Washington lui ont permis d’empêcher l’imposition de taxes qui auraient nui à ses activités, tant aux États-unis qu’au Canada.

 ?? PHOTO REUTERS ?? Les quelque 1800 comités d’action politique (PAC) créés par des entreprise­s aux États-unis ont versé 430 M$ US à des candidats aux élections de mi-mandat de 2018. Près de 20 M$ US provenaien­t de PAC de filiales d’entreprise­s étrangères.
PHOTO REUTERS Les quelque 1800 comités d’action politique (PAC) créés par des entreprise­s aux États-unis ont versé 430 M$ US à des candidats aux élections de mi-mandat de 2018. Près de 20 M$ US provenaien­t de PAC de filiales d’entreprise­s étrangères.
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ALAIN BELLEMARE PDG Bombardier

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