Quand l’endettement devient source d’anxiété
Le rapport à l’argent varie d’une personne à l’autre. En connaissant ses propres limites financières et sa tolérance à l’endettement, on évite ainsi bien des ennuis.
Nicole et son mari sont tous deux à la retraite. Ils bénéficient de revenus stables et garantis d’environ 4500 $ par mois. Ce montant ne leur laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre, et Nicole a dû utiliser sa carte de crédit. Très stressée par cette situation, la retraitée en a perdu le sommeil. En fait, elle craint que sa situation d’endettement empire encore davantage, et elle ne sait comment régler le problème.
Peu de dettes, mais beaucoup d’inquiétude
En proie à l’anxiété, Nicole décide d’aller consulter un syndic autorisé en insolvabilité. En analysant sa situation, on remarque pourtant qu’elle est en bien meilleure position qu’elle ne le croit. En effet, la résidence familiale est presque entièrement payée, et les seules dettes consistent en 6000 $ sur une seule carte de crédit. « On est donc loin de la catastrophe. Toutefois, Nicole nous confie qu’elle est très inquiète parce qu’elle n’a jamais eu un solde impayé sur une carte de crédit et qu’elle ne parvient pas à s’en débarrasser », précise Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité, président de Jean Fortin & Associés.
Il souligne que la tolérance à l’endettement varie beaucoup d’un individu à l’autre. « Nous rencontrons des personnes qui jonglent depuis des années avec un montant élevé de dettes, et tant que leurs finances se portent bien, ils ne perdent pas une seule nuit de sommeil. Alors que d’autres, comme Nicole, sont très angoissées malgré un faible endettement et des actifs avec de bonnes valeurs nettes », précise Pierre Fortin.
AVANCES DE FONDS
Pour régler le problème de Nicole, le syndic a préparé avec elle le budget familial afin de déterminer le montant mensuel dont le couple disposait pour rembourser le plus rapidement pos- sible la carte de crédit. « En discutant avec elle, nous avons aussi appris que son fils lui demandait de lui prêter de l’argent de temps à autre, et que la majorité de ces sommes provenait d’avances de fonds effectuées sur la carte de crédit », raconte Pierre Fortin.
On a donc expliqué à Nicole qu’elle pouvait aider son fils si elle le souhaitait, mais qu’elle devait éviter de le faire au détriment de son propre équilibre financier, surtout considérant son faible niveau de tolérance à l’endettement.
DISCUSSION FRANCHE
« Il serait également préférable que Nicole et son conjoint aient une discussion franche avec leur fils, afin que celui-ci réalise le stress financier qu’il impose à ses parents. La plupart du temps, ce type de démarche suffit à limiter, voire à éliminer les demandes d’aide financière », souligne le syndic.
On a aussi conseillé à Nicole de mettre les bouchées doubles pour régler le solde rapidement et de ne plus avoir recours aux avances de fonds. En réduisant temporairement quelques dépenses plus flexibles, la retraitée pourra consacrer une somme de 400 $
par mois pour rembourser le solde. À ce rythme, elle l’aura entièrement payé en 18 mois si elle cesse d’utiliser sa carte. Cette aventure lui aura toutefois coûté environ 1000 $ en frais d’intérêt.