Le Journal de Quebec

Victoire définitive d’hydro-québec sur Terre-neuve-et-labrador

La société d’état pourra continuer à acheter l’électricit­é à petit prix jusqu’en 2041

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Hydro-québec n’aura pas à partager les profits tirés de la centrale hydroélect­rique de Churchill Falls et pourra continuer à leur acheter de l’électricit­é à bas prix jusqu’en 2041, a tranché la Cour suprême hier matin.

« CFLCO [Churchill Falls (Labrador) Corporatio­n] n’avance aucun motif convaincan­t, en faits ou en droit, justifiant les tribunaux de remodeler la relation contractue­lle qui l’unit depuis 50 ans à Hydro-québec », ont déclaré sept des neuf juges de la Cour suprême, mettant ainsi fin à une lutte qui dure depuis 2010 entre le Québec et Terre-neuve-et-labrador.

La cause du litige : un contrat signé entre les deux parties en 1969 dans lequel Hydro-québec et la société CFLCO s’entendaien­t pour construire une centrale hydroélect­rique à Churchill Falls (au Labrador).

Dans le document, Hydro acceptait de prendre en charge tous les risques financiers de la constructi­on de ce projet « énorme et coûteux ». En échange, elle aurait le droit d’acheter une grande partie de l’électricit­é à prix fixe et à faible coût jusqu’en 2041.

Or, avec la forte hausse de la valeur de l’électricit­é dans les dernières années, cette entente s’est avérée extrêmemen­t avantageus­e pour la société d’état québécoise, qui revendait l’énergie à l’extérieur de la province à profit. CFLCO affirme qu’hydro a vendu pour plus de 20 G$ d’électricit­é à ce jour.

CFLCO VEUT RENÉGOCIER

CFLCO a donc demandé en 2009 de renégocier le contrat, ce qu’hydro-québec a refusé de faire. La société terre-neuvienne s’est donc tournée vers les tribunaux québécois afin d’obliger Hydro à rouvrir l’entente, ce qui leur a été refusé à la Cour du Québec et à la Cour d’appel.

Soulignons qu’avant de se rendre devant la Cour suprême, la société de Terre-neuve avait déjà traîné Hydro devant des tribunaux à 17 reprises. Le Journal révélait d’ailleurs l’an dernier que l’acharnemen­t judiciaire de CFLCO dans ce dossier a coûté jusqu’à présent plus de 50 millions $ en frais d’avocats externes à la société d’état.

« Le bénéfice que CLFCO qualifie aujourd’hui de disproport­ionné, soit la garantie d’achat d’électricit­é à prix fixe, était du reste perçu à l’époque de la conclusion du Contrat comme un moyen de faire assumer par Hydro-québec un risque que CFLCO ne voulait pas supporter […] Certes, elle en tire aujourd’hui en toute bonne foi des bénéfices substantie­ls. Mais l’ampleur de ces bénéfices ne justifie toutefois pas de modifier le Contrat pour la priver de cet avantage », a décidé le plus haut tribunal du pays.

Seul le juge Rowe n’est pas d’accord avec cette interpréta­tion, croyant plutôt qu’il faudrait imposer la renégociat­ion, car Hydro-québec profiterai­t indûment de CFLCO. Même si elle siégeait encore au moment de l’audience de la cause, l’exjuge en chef Mclachlin n’a pas participé au jugement.

HYDRO-QUÉBEC SATISFAIT

Du côté d’hydro-québec, on s’est dit très satisfait du jugement, tout en ajoutant qu’on croyait toujours que l’entente initiale était « juste » pour les parties au moment de sa signature.

On ne croit pas que le refus de la société d’état de renégocier avec CFLCO nuira à son image.

« Je crois que ce jugement va rehausser l’image d’hydro-québec. Cette décision confirme que tout au long de cette relation contractue­lle, qui a prêté à controvers­e, Hydro-québec s’est comporté d’une façon correcte, irréprocha­ble au regard du droit, a indiqué Me Pierre Bienvenu. Ce jugement rejette qu’hydro-québec ait manqué à ses obligation­s de se comporter de bonne foi dans sa relation avec CLFCO. »

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES COURTOISIE ET JOCELYN MALETTE ?? Signature du contrat du projet hydroélect­rique Churchill Falls, le 22 mai 1969.
PHOTOS D’ARCHIVES COURTOISIE ET JOCELYN MALETTE Signature du contrat du projet hydroélect­rique Churchill Falls, le 22 mai 1969.

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