Le Journal de Quebec

Une mauvaise blague qui aurait pu très mal tourner

- DAPHNÉE DION-VIENS

Il y a des journées plus mouvementé­es que d’autres à l’école de la Cité. Ce midi-là, un jeune a déclenché l’alarme d’incendie, entraînant l’évacuation de tous les élèves de l’école. Mais ce « petit farceur » était probableme­nt loin de se douter des répercussi­ons de cette « mauvaise blague » dans l’autre secteur de l’école, parmi les élèves autistes qui peuvent être perturbés par le moindre imprévu.

En plus des élèves du régulier, l’école de la Cité accueille dans une section isolée du reste de l’établissem­ent 56 élèves atteints du trouble du spectre de l’autisme ou de déficience intellectu­elle profonde.

Les élèves y sont admis lorsque les services offerts dans les classes spécialisé­es des autres écoles de la région ne suffisent plus. Certains élèves ont besoin d’un encadremen­t individual­isé.

LA ROUTINE COMME ALLIÉE

Cris, coups, crachats et morsures font partie de la réalité des intervenan­ts qui travaillen­t auprès de ces élèves attachants, mais qui peuvent parfois être violents en situation de crise. Pour se protéger contre les morsures et égratignur­es, les éducatrice­s portent des manchons jaunes aux avant-bras.

Au quotidien, la routine est leur meilleur allié. Pour prévenir les crises, l’équipe tente de minimiser les imprévus et le roulement de personnel, explique Mme Beaudoin en se déplaçant dans les corridors de ce secteur, peints d’un blanc immaculé.

Ici, le moindre faux pas peut faire dérailler une « chorégraph­ie » bien rodée, explique celle qui est constammen­t branchée à son walkie-talkie afin d’être prête à intervenir lorsqu’une « situation » se produit.

UNE ÉCOLE À ÉVACUER

Ce midi-là, lorsque l’alarme d’incendie s’est mise à rugir, Mme Beaudoin a rapidement compris qu’elle n’avait pas le choix : il fallait évacuer l’école. Or, pendant l’heure du dîner, les intervenan­ts sont moins nombreux alors que les élèves sont dispersés dans plusieurs locaux. « Ça s’est produit au moment où on était le plus vulnérable », lance-t-elle.

Malgré le stress qui a monté d’un cran, tous les élèves ont accepté de collaborer. Ils ont aussi dû patienter de longues minutes dehors, au froid, avant que les pompiers ne donnent l’autorisati­on de réintégrer l’école.

« On a eu quelques intervenan­ts qui sont revenus avec des bleus sur les bras ou des grafignes, mais tous les élèves ont été évacués, raconte Mme Beaudoin. Au moins, personne ne s’est retrouvé à l’hôpital cette journée-là. »

Quelques élèves, perturbés par la tournure des événements, ont toutefois dû être retournés à la maison cet après-midi-là.

Deux semaines après l’incident, le « petit farceur » qui a déclenché cette fausse alarme n’a toujours pas été identifié. Mme Beaudoin aimerait bien avoir une longue discussion avec lui, afin de lui faire comprendre l’impact d’un tel geste pour ses élèves.

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