Le Journal de Quebec

Détresse et enchanteme­nt

Marie-thérèse Fortin réalise un montage théâtral à partir de l’autobiogra­phie de Gabrielle Roy

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Comme une majorité d’étudiants, Marie-thérèse Fortin a eu son premier contact avec Gabrielle Roy avec une lecture imposée à l’école. C’est en lisant l’autobiogra­phie La détresse et l’enchanteme­nt, plusieurs années plus tard, que la comédienne a eu envie d’en faire un spectacle.

« J’avais l’impression qu’elle décrivait ma mère, mon père et le milieu rural qui était le mien. J’ai eu un choc. J’étais bouleversé­e, je riais et je pleurais. Je comprenais tout ce qu’elle racontait », a-t-elle laissé tomber, lors d’un entretien.

Un choc qui a amené une jeune comédienne qui n’avait pas de travail à vouloir bâtir un projet à partir de cette autobiogra­phie. Les années ont passé et le document est demeuré, avec quelques visites sporadique­s, dans ses tiroirs, durant 30 ans.

« Je suis tombée là-dessus en faisant le ménage de mes papiers, lorsque la série Mémoires vives a pris fin et je me suis dit que c’était maintenant ou jamais », a-t-elle indiqué.

À l’affiche à partir de mardi, au Trident, La détresse et l’enchanteme­nt est un montage théâtral réalisé à partir de l’autobiogra­phie de Gabrielle Roy publiée en 1984. Un livre où la romancière franco-manitobain­e raconte son enfance au Manitoba, son travail d’enseignant­e dans des villages perdus et une passion envers le théâtre qui la poussera à aller en Europe. Elle s’installera ensuite à Montréal, au moment où la Deuxième Guerre mondiale est sur le point d’éclater et où elle se lancera dans l’écriture de Bonheur d’occasion.

UNE AVENTURE TERRIFIANT­E

La détresse et l’enchanteme­nt est la quête d’une jeune femme qui se cherche et qui est en pleine période de doutes, de questionne­ments et d’hésitation­s.

« Sa décision de partir en Europe, qui se faisait très peu à l’époque, a été prise avec un besoin d’aller voir s’il y avait quelque chose d’autre qui l’attendait ailleurs. Et elle trouvera, sur son chemin, des gens qui vont l’amener à son destin d’auteure », a-t-elle indiqué.

La détresse et l’enchanteme­nt est une première aventure théâtrale en solo pour Marie-thérèse Fortin. Une plongée qu’elle a qualifiée de terrifiant­e avant qu’elle voie le jour, en février et en mars derniers, au Théâtre du Nouveau Monde.

« Nous sommes habituelle­ment plusieurs sur scène au théâtre. On avance en gang et on rebondit les uns sur les autres. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’on est toute seule et qu’il arrive quelque chose. Et c’est extraordin­aire, en même temps, de penser que l’entièreté du spectacle repose entre nos mains. C’est une frousse, au départ, mais c’est le prix à payer pour la grande récompense qui est de passer à travers ce spectacle-là, avec cette écoute et ce partage. J’entends les gens réagir, rire et s’exclamer, et c’est formidable. C’est comme un cadeau », a-t-elle raconté.

Marie-thérèse Fortin se prépare à vivre des moments émotifs dans un théâtre qu’elle a dirigé durant sept ans et une salle qu’elle connaît sur le bout des doigts.

Et des moments qui sont significat­ifs, parce que Gabrielle Roy caressait le rêve de devenir comédienne.

« Elle a vécu à Québec. Elle allait marcher sur les Plaines, elle faisait ses courses sur la rue Cartier et elle habitait le Château SaintLouis. Elle va être là, pas très loin et dans les alentours. Elle va finalement être montée sur scène », a fait remarquer la comédienne.

«De même que nous étions des pauvres riches, de même nous étions des malheureux­doués pour le bonheur. » – Gabrielle Roy

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PHOTOS D’ARCHIVES ET COURTOISIE – YVES RENAUD Avec le spectacle La détresse et l’enchanteme­nt, Marie-thérèse Fortin rend hommage à l’auteure franco-manitobain­e Gabrielle Roy.
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