Tous solidaires avec Pittsburgh
L’attaque contre une synagogue ravive les souvenirs de l’attentat à la grande mosquée de Québec
Plus d’une centaine de personnes se sont entassées dans une salle bondée à l'hôtel de ville de Québec, hier après-midi, pour faire part de leur solidarité à la communauté juive de Pittsburgh, cible d’un attentat antisémite qui a fait 11 morts la semaine dernière.
Ce rassemblement arrivait à point nommé pour la communauté juive de Québec, partagée entre l’« horreur et la tristesse » à la suite du drame.
« C’est incroyable. On n’avait aucune idée combien de personnes il allait y avoir. C’est vraiment touchant », a témoigné David Weiser, qui préside la congrégation Beth Israël Ohev Sholem.
Des représentants des communautés juive, musulmane, anglicane et catholique, des élus locaux et des citoyens de Québec ont commémoré les victimes qui sont tombées sous les balles d’un tireur à la synagogue Tree of Life le 27 octobre.
Les visiteurs étaient invités à signer un livre de condoléances qui sera envoyé à la Ville de Pittsburgh ainsi qu’à rédiger un message « d’espoir » pour l’accrocher à l’« arbre de la paix ».
DOULOUREUX SOUVENIRS
Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’est adressé à l’auditoire la gorge nouée, avec en tête les souvenirs de l’attentat à la grande mosquée de Québec. La nature de la tragédie de Pittsburgh plaçait en trame de fond celle de Québec, survenue le 29 janvier 2017, les deux tueries se distinguant surtout par la confession du lieu de culte pris d’assaut.
« Ça nous a ramenés carrément à ce qu’on a vécu en janvier et février 2017, a rappelé M. Labeaume. Même si c’est à Pittsburgh, c’est encore tellement douloureux, ce qu’on a vécu à la mosquée, qu’on ne peut pas faire autrement qu’être ému. »
« UNE CONSÉQUENCE POSITIVE »
La fille de l’une des victimes de l’attentat à la grande mosquée était d’ailleurs présente pour faire part de son soutien envers la communauté juive.
« Je ne sais pas si on aurait pu s’imaginer ça [un tel rassemblement, avant l’attentat à Québec]. C’est une conséquence positive. Toutes les communautés sont représentées et les citoyens athées [aussi]. Les ponts se sont créés et les liens se tissent. Il faut continuer dans cette voie », a souligné Megda Belkacemi, dont le père Khaled figurait parmi les six personnes décédées.
PAS À QUÉBEC
Si le tireur de Pittsburgh était animé par des motivations éminemment antisémites, plusieurs membres de la communauté juive soutiennent que les comportements haineux à leur égard se font très rares dans les rues de Québec. « Je marche chaque jour du Vieux-port jusqu’à l’université Laval avec ma kippa sur la tête. Il ne m’est arrivé qu’un seul incident en 25 ans », a assuré Nehemie Julien, dont la soeur se trouvait dans la ville de l’acier le jour de l’attentat.
« Je dois dire que c’est beaucoup plus sécuritaire pour un juif qu’à Paris, par exemple. Je ne me pose pas la question à savoir si je mets ma kippa ou non. Ça m’avait frappé en arrivant ici », a raconté Benjamin, un Français qui vit maintenant à Québec.