Le Journal de Quebec

Les Canadiens vulnérable­s face aux brèches informatiq­ues

De nouvelles règles sont pourtant entrées en vigueur

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Les Canadiens victimes de piratage informatiq­ue demeurent très vulnérable­s malgré l’entrée en vigueur de nouvelles règles, en raison de l’inaction du gouverneme­nt Trudeau, dénonce le commissair­e à la protection de la vie privée.

Chaque année, les données personnell­es de dizaines de milliers de Canadiens se retrouvent entre de mauvaises mains à cause de brèches informatiq­ues.

Les géants du numérique, dont Facebook, Google, ou le site de rencontres Ashley Madison, ne sont pas épargnés.

Pour endiguer le fléau, Ottawa oblige, depuis jeudi, les entreprise­s à déclarer les atteintes à la vie privée de leurs clients, et ce, dès que la faille est connue. Le rapport doit être fait sans délai au commissair­e et aux consommate­urs eux-mêmes.

Or, les libéraux refusent d’offrir au chien de garde de la vie privée les budgets nécessaire­s pour enquêter.

« Ce n’est pas une grande améliorati­on quand l’organisme chargé d’appliquer les règles ne reçoit pas les ressources pour faire son travail », déplore Daniel Therrien.

Auparavant, les compagnies pouvaient prendre des mois avant d’informer leur clientèle, qui demeurait entre-temps vulnérable à un vol d’identité ou à une fraude.

M. Therrien estime avoir besoin de 650 000 $ de plus par année pour s’assurer que les entreprise­s respectero­nt la loi.

Entre temps, de nombreux cas de violation de la vie privée vont continuer de passer inaperçus, selon lui.

Interpellé sur le sujet, le bureau du ministre responsabl­e du dossier, Scott Brison, a transféré les questions du Journal aux fonctionna­ires du ministère.

QUI DIT VRAI ?

Selon un porte-parole du Secrétaria­t du Conseil du trésor, Martin Potvin, le commissair­e Therrien n’a pas encore réclamé « formelleme­nt » une hausse de ses budgets, ce que celui-ci dément.

« Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on a fait une demande », martèle M. Therrien en entrevue téléphoniq­ue.

Pour l’opposition néo-démocrate, les règles plus strictes en matière d’atteintes à la vie privée sont pour l’instant un « coup d’épée dans l’eau ». « C’est très troublant de constater qu’on met en place des règles et que, finalement, on n’a pas les ressources pour les faire appliquer », dit le député de Beloeil-chambly, Matthew Dubé.

Le commissair­e demande, depuis des années, plus d’argent et de pouvoir. Il souhaite entre autres avoir la possibilit­é d’imposer des amendes et d’effectuer des inspection­s afin de s’assurer que la loi est respectée.

LE QUÉBEC EN RETARD

M. Therrien exige, pour ce faire, 12 millions $ supplément­aires sur un budget annuel de 24 M$.

Avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fédérale, les Québécois sont parmi les Canadiens les moins bien protégés.

En effet, la loi provincial­e n’exige pas des entreprise­s fautives qu’elles déclarent les atteintes aux données personnell­es.

Dans la province, la loi fédérale ne s’appliquera donc qu’en partie, c’est-à-dire aux banques et aux entreprise­s de télécommun­ication, entre autres.

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PHOTO D’ARCHIVES Le commissair­e à la protection de la vie privée Daniel Therrien aimerait voir son budget annuel être augmenté de 650 000 $ afin de s’assurer que les entreprise­s respectent les nouvelles règles en vigueur.

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