Des bourreaux appelés à la barre aux États-unis
La Cour suprême se prononcera sur une exécution
WASHINGTON | (AFP) La Cour suprême doit examiner demain le dossier d’un condamné à mort susceptible de mal réagir à une injection létale, qui a reçu le soutien d’anciens agents pénitentiaires soucieux d’épargner à leurs collègues les affres d’une exécution ratée.
« Quand une exécution tourne mal, ceux qui sont aux commandes souffrent [aussi] » , rappelle Jerry Givens, qui fut bourreau en Virginie de 1982 à 1999. « On ferme les yeux de quelqu’un, mais nous, on les garde grands ouverts. »
Avec treize autres anciens gardiens ou directeurs de prison, il vient d’écrire à la plus haute juridiction américaine pour lui demander de prendre en compte cette souffrance quand elle se prononcera sur le dossier de Russell Bucklew.
EXÉCUTION SUSPENDUE
Cet homme de 50 ans, condamné à la peine capitale pour un viol et un meurtre, est atteint d’une maladie rare et risque, selon ses avocats, de s’étouffer avec son propre sang si l’état du Missouri l’exécute par injection, comme prévu.
Il demande donc à la Cour suprême d’invalider cette méthode et propose de mourir par suffocation dans une chambre à gaz.
La haute cour, saisie en urgence, a déjà suspendu à deux reprises son exécution et a décidé de se pencher sur le fond du dossier. Elle doit entendre mercredi les arguments des deux parties.
En prévision de cette audience, Jerry Givens et ses anciens collègues se sont portés partie civile à la procédure.
« Être face à un détenu et lui prendre sa vie est un lourd poids à porter », ont-ils écrit en soutien à M. Bucklew. « Quand, comme ici, une exécution a peu de chances de bien se passer, la charge devient insoutenable. »
« CASSÉ »
« Avec ce gars, la drogue va peut-être mal réagir, pourquoi prendre ce risque ? », interroge M. Givens qui a procédé au cours de sa carrière à 62 exécutions, par injection ou électrocution.
Même quand tout se passait comme prévu, « je n’aimais pas les injections, je me sentais trop attaché », confie cet homme de 65 ans. « J’avais mes mains sur le type, il fallait que j’administre la drogue avec une seringue, alors que sinon, il me suffisait de pousser un bouton. »
« Le système est cassé. Tant qu’on ne l’aura pas réparé, on ne peut pas continuer » à procéder à des exécutions, estime le retraité.