Le Journal de Quebec

Le retour des sanctions contre l’iran suscite l’inquiétude

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LONDRES | (AFP) Avec ses sanctions contre les importateu­rs de pétrole iranien, Washington pourrait faire basculer un marché à l’équilibre précaire et provoquer une flambée des prix du brut, le tout sous l’oeil attentif de l’arabie saoudite.

« Dans les prochaines semaines, le marché va être complèteme­nt focalisé sur les exportatio­ns de l’iran, sur le fait de savoir si le pays triche ou si la production chute », a commenté Riccardo Fabiani, analyste pour Energy Aspects, interrogé par L’AFP.

ACTEUR CLEF DU MARCHÉ

À partir d’aujourd’hui, les États-unis vont viser les acheteurs de pétrole iranien afin de priver Téhéran de sa principale source de revenus.

Mais si l’or noir est crucial pour la trésorerie iranienne, le pays, troisième producteur de l’organisati­on des pays exportateu­rs de pétrole (Opep), est également un des piliers du marché mondial.

En avril, l’iran a exporté l’équivalent de 2,5 millions de barils par jour, avant que les acheteurs ne se détournent du pays en raison de l’annonce des sanctions.

« Même si les États-unis accordent des exemptions, Washington demandera que le volume importé d’iran baisse nettement », a noté Giovanni Staunovo, analyste chez UBS, qui mise donc sur une hausse des cours.

À QUI LES EXEMPTIONS ?

Pourtant, les prix du pétrole ont perdu près de 15 dollars en moins d’un mois, après avoir culminé début octobre à leur plus haut niveau depuis deux ans et demi, avec un baril de Brent à plus de 85 dollars.

Une partie de l’explicatio­n se situe dans la position ambiguë des États-unis qui, après avoir martelé que l’objectif des sanctions était de réduire les exportatio­ns iraniennes à zéro baril, ont adouci leur position.

L’administra­tion américaine a octroyé des exemptions pour huit pays, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, sans nommer ces États. La Turquie a indiqué être l’un d’eux et les analystes jugeaient que l’inde, un des premiers importateu­rs mondiaux, serait également sur la liste, qui sera connue aujourd’hui.

Les grands pays du pétrole, hormis l’iran, devraient faire un effort pour produire davantage afin de compenser la baisse attendue d’or noir de Téhéran. Mais ce faisant, ils pourraient bien diminuer leur capacité de réaction à l’avenir, au cas où éclaterait une nouvelle crise.

L’arabie saoudite, premier exportateu­r mondial, a ainsi affirmé pouvoir répondre à la baisse iranienne, mais certains acteurs du marché se demandent si le Royaume n’épuise pas ses capacités de réserve.

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