Le Journal de Quebec

Un salon funéraire pour ses 25 ans

Le rêve d’un jeune entreprene­ur devient réalité après de longues négociatio­ns

- DIANE TREMBLAY

À 25 ans, les jeunes rêvent généraleme­nt plus de faire le tour du monde que de s’acheter un salon funéraire. Il faut croire que Keven Dumais n’est pas comme les autres.

En septembre dernier, M. Dumais a acheté le Complexe funéraire Albert Rochette & fils, à Saint-augustin-de-desmaures, au terme de plusieurs mois de discussion­s où il a dû se montrer convaincan­t auprès du vendeur.

« Depuis l’âge de 10 ans que je veux faire ce travail-là. Je suis un passionné de voitures. J’ai toujours aimé les corbillard­s. C’est comme ça. Quand j’étais petit, je disais que je voulais conduire des corbillard­s », a raconté M. Dumais qui est devenu à 25 ans président de sa compagnie.

Au fur et à mesure qu’il a grandi, Keven Dumais s’est par la suite intéressé à l’anatomie au point d’envisager de devenir médecin.

« Mais je n’avais pas des notes assez fortes », a-t-il relaté.

ÉTUDES EN THANATOLOG­IE

Son parcours l’a finalement conduit au Collège de Rosemont où il a obtenu un diplôme en 2016 en thanatolog­ie. Il s’est ensuite bâti un réseau dans le milieu funéraire en travaillan­t pour d’autres compa- gnies, ce qui l’a conduit à faire l’acquisitio­n du salon à Saint-augustin-de-desmaures.

« J’aime être mon propre patron », dit-il, bien installé dans le fauteuil du président.

Avant de conclure l’entente, il a rencontré à plusieurs reprises le vendeur, Jacques Rochette, qui voulait s’assurer de trouver le bon candidat pour céder l’entreprise familiale, fondée il y a plus de 50 ans.

« M. Rochette a refusé plusieurs offres, car il ne voulait pas que ce soit une société multinatio­nale qui achète. Il a refusé des offres représenta­nt le triple du prix que j’ai payé, par conviction », a continué avec admiration M. Dumais.

DES PROJETS D’AVENIR

Maintenant qu’il est bien installé, le nouveau propriétai­re veut apporter quelques changement­s.

En premier lieu, il a commencé à prendre un virage plus écologique. Plutôt que d’utiliser des verres jetables, il a commandé des verres réutilisab­les et des pichets pour servir l’eau. Même chose pour les assiettes en carton qu’il entend délaisser sous peu.

D’autres changement­s plus importants sont aussi à prévoir. M. Dumais étudie la possibilit­é d’ajouter l’aquamation à son offre de services. Il s’agit d’un procédé qui utilise l’eau plutôt que le feu pour accélérer la décomposit­ion du corps.

Contrairem­ent à la crémation, l’aqua- mation offre l’avantage de ne pas rejeter de particules de gaz nocifs dans l’atmosphère.

M. Dumais caresse d’autres projets comme l’agrandisse­ment du garage et la constructi­on d’un columbariu­m.

CÉLÉBRER LA VIE

Le premier changement qu’il a apporté en devenant propriétai­re est l’installati­on du Wifi dans le salon funéraire.

« On a tout informatis­é, au complet », souligne M. Dumais qui a décidé de conserver le même nom d’entreprise.

Pour réaliser ses projets, le jeune homme est soutenu par ses banquiers.

« Je suis quelqu’un qui est organisé. Je suis arrivé avec des chiffres et un plan d’affaires détaillé. »

M. Dumais croit qu’il fait le plus beau métier au monde.

« Il faut aimer les gens. On les aide. Toutes les familles qui passent ici sont traitées comme la prunelle de mes yeux. C’est un métier qui est paradoxal. On rencontre les gens au pire moment de leur vie et il faut arriver à les satisfaire. Le domaine funéraire a changé complèteme­nt. Maintenant, on célèbre davantage la vie de la personne plutôt que sa mort. »

Son jeune âge n’est pas un handicap dans ce milieu, a-t-il dit, catégoriqu­e. Au contraire, on le félicite d’avoir eu le courage de faire ce choix hors du commun.

 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Keven Dumais a fait l’acquisitio­n en septembre dernier du Complexe funéraire Albert Rochette & Fils, à Saint-augustin-de-desmaures, après plusieurs mois de pourparler­s.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Keven Dumais a fait l’acquisitio­n en septembre dernier du Complexe funéraire Albert Rochette & Fils, à Saint-augustin-de-desmaures, après plusieurs mois de pourparler­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada