Une longue « séance d’humiliation et de torture psychologique »
Nouvelle vidéo à la reprise du procès du pasteur Claude Guillot
« Le vois-tu que tu es une femmelette, un orgueilleux et un impie ? [...] Tous tes péchés te condamnent à l’enfer, tu le sais. »
De nouvelles séquences vidéo d’une « séance d’humiliation et de torture psychologique » qu’a fait subir pendant 70 minutes le pasteur Claude Guillot à l’une de ses six présumées victimes, ont été présentées en preuve à son procès qui reprenait, hier, après une pause de quatre mois.
Simon (prénom fictif), 12 ans, est assis sur le matelas où il dort au salon de la résidence de Guillot, qui y tient une école chrétienne clandestine. C’est en 2005. L’accusé, appuyé par ses deux filles, dont l’une qui filme toute l’intervention, pousse Simon à acquiescer qu’il est un garçon « hypocrite, menteur et manipulateur ».
EN COLÈRE ET DÉSEMPARÉ
Il le menace d’aller en enfer s’il ne se soumet pas « à Jésus et à sa parole ». « Si tu ne prends pas cette décision-là, tu vas payer longtemps et tu vas souffrir », l’avertit Guillot.
Le garçon est complètement désemparé, en colère et frustré. Il frappe parfois sur le matelas avec son poing, en guise de protestation.
Guillot lui dit de ne pas faire « sa femmelette », et l’invite à frapper sur le mur, puis sur la porte « pour montrer qu’il est un homme », ce que Simon fera.
« ASSEZ, ASSEZ, ASSEZ ! »
Pendant cette heure de supplice, le garçon confronte l’accusé et ses filles, les traitant de « moqueurs » et de « provocateurs ». Il dit se sentir piégé : Guillot brandit la menace de montrer la vidéo à son père pour démontrer son mauvais comportement.
À un certain moment, l’élève capitule et demande pardon d’avoir été « méchant ». « Je suis dans une prison, je finis par casser », a expliqué Simon, alors qu’il commentait les vidéos hier.
Mais plus tard, alors que Guillot le ramène toujours au fait qu’il « est libre », et qu’il peut même l’aider à partir si c’est ce qu’il souhaite, Simon n’en peut plus. « Assez, assez, assez, assez !, finit par dire l’élève, à bout de nerfs. Je ne veux plus rien entendre, ça n’a pas de bon sens. Vous êtes assez méchants, je suis tanné. »
Pour Simon, aujourd’hui dans la vingtaine, « la manipulation » qu’a exercée Guil- lot sur lui, en démonisant tout le monde extérieur, l’a fait prisonnier. C’est pour cette raison qu’il répondait par la négative chaque fois que l’accusé lui demandait s’il voulait s’en aller. « Il y avait toute sa narrative de manipulation spirituelle […] en plus du contrôle physique, et du fait qu’il disait : “Personne ne veut de toi, il n’y a personne qui t’aime” », a-t-il dit.