Steve Bégin décroche son diplôme
Steve Bégin a enfin pu lancer sa toque d’étudiant en obtenant son diplôme d’études secondaires
Véritable petit guerrier du Tricolore, Steve Bégin a relevé avec brio une mission qui le remplit de joie et de fierté. À 40 ans, il a obtenu son diplôme d’études secondaires (D.E.S.), 22 ans après avoir décroché de l’école.
Le père de famille a réalisé un véritable tour de force en se replongeant le nez dans ses livres, lorsque le combattant québécois d’arts martiaux mixtes, Georges St-pierre, lui avait lancé le défi de décrocher enfin son D.E.S. en 2017.
Il ne lui manquait que la réussite d’un examen d’anglais et le fameux cours de français de secondaire. Avec toute sa volonté et sa détermination, Bégin s’est raccroché à l’école pour devenir un exemple, non seulement dans la socié- té, mais aussi sous son toit, pour ses deux filles, Méanne et Maylia.
Mais s’il avait dû asseoir ses fesses sur les bancs d’une école, le fougueux attaquant qui a disputé 560 matchs dans la LNH ne se serait pas engagé. Depuis la fin de sa carrière, les temps libres se font rares, tandis qu’il porte de nombreux chapeaux, dont celui de copropriétaire de Nobesco, une société d’ingénierie en construction.
Les nouvelles technologies lui ont toutefois ouvert une porte.
PAS DU TOC
C’est grâce à la plateforme éducative et technologique Challengeu, développée par Nicolas P. Arsenault, qu’il a pu terminer son cheminement secondaire. Hier, dans un restaurant du Centre Bell où il a passé cinq saisons, il a enfin pu lancer sa toque avec six autres étudiants après un peu plus d’un an d’études.
Il ne faut pas croire qu’il a obtenu un diplôme au rabais trouvé en ligne. Au contraire, l’homme dans la quarantaine a suivi chacune des étapes et réussi les examens du ministère de l’éducation comme un élève le fait à l’école.
« Je suis extrêmement fier. Je croyais qu’il me manquait quelque chose. Quand j’ai lâché l’école, je ne pensais pas vraiment au diplôme et je me disais que j’avais fait le bon choix, a expliqué celui qui ne vivait que pour le hockey dès son jeune âge. Quand je suis devenu un pro, je me suis dit qu’un jour, peut-être, je ne pourrais plus jouer au hockey en raison de blessures. Je me retrouvais donc sans rien devant moi. »
UN « EXEMPLE POSITIF »
Et des blessures, Bégin en a pansé d’innombrables au fil de sa carrière passée à Calgary, Montréal, Dallas et Boston. Il suffit de penser aux quatre dents qu’il a laissées dans la bande du Centre Bell en avril 2004 en ratant une mise en échec. La bouche ensanglantée et suturée, il était revenu au jeu dans la soirée.
Malgré tout, il se dit heureux et fier de sa carrière. Il a la chance d’avoir réalisé son rêve et d’avoir bâti une belle vie à sa famille, lui qui n’a pas été élevé dans la ouate.
Ce diplôme s’ajoute à toute cette fierté. Plus tard, quand ses filles le questionneront, il pourra livrer ses vraies réponses plutôt que de patiner habilement en les détournant. « Je l’ai fait pour moi, mais aussi pour lancer un message aux décrocheurs que c’est possible de terminer. Mais surtout, je veux être un exemple positif pour mes enfants qui vont à l’école et qui, un jour, vont me poser des questions, trouver leur parcours difficile et parfois se remettre en question.
« À ce moment, je vais pouvoir leur dire que c’est important de continuer et de terminer l’école. Avant, quand je n’avais pas terminé, ma crédibilité en prenait un coup. »
Il sera plus crédible encore, car il a passé haut la main en collectionnant des notes de 80 et 90. La preuve que tous les efforts finissent par payer.