Hélène Dufresne, citoyenne du monde
Les enfants. L’environnement. Deux causes qui tiennent à coeur à une philanthrope active de Québec : madame Hélène Dufresne.
Par la création de la Fondation Dufresne et Gauthier (FDG), ses engagements aux conseils d’administration d’équiterre, d’horizon Charlevoix et du prestigieux Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) ainsi que son rôle d’ambassadrice du Monastère des Augustines, elle s’investit dans l’amélioration du monde dans lequel elle vit avec une préoccupation constante pour les générations qui nous suivent. Hélène Dufresne en a vu, du pays. Présente aux côtés de Daniel Gauthier dès la naissance du Cirque du Soleil, elle a roulé sa bosse, visité plusieurs continents, fait des rencontres, observé des gens. Parcourir le monde lui aura offert une certitude : celle d’avoir eu de la chance dans la vie. C’est au Cirque du Soleil qu’elle se fait une meilleure idée de la philanthropie, notamment avec le programme Cirque du monde. « Nous voulions venir en aide à des jeunes marginalisés en organisant des ateliers de cirque afin de les aider à reprendre un certain contrôle sur leur vie et cultiver la notion de dépassement. Mendier, c’est une chose, mais offrir autre chose en retour c’est mieux. Ce programme s’inscrivait un peu dans la continuité de ce qui a présidé à la naissance du Cirque du Soleil, créé au départ avec le milieu des amuseurs publics », rappelle Mme Dufresne.
DE LA MONGOLIE AU QUÉBEC
Le couple aura eu la joie d’adopter deux filles de la Mongolie. « Elles sont arrivées dans notre vie, à Daniel et moi, alors qu’elles étaient très jeunes, environ trois mois, se souvient-elle. Peu de temps après, à deux ou trois ans d’intervalle, nous avons quitté le Cirque. » La transaction leur a rapporté une certaine somme. Ils voulaient en consacrer une partie à aider leur prochain. La situation des enfants dans le monde les interpellait. « Puisque la Mongolie nous avait fait le cadeau de deux enfants, on s’est dit qu’on pourrait peut-être aider ceux qu’on ne pouvait pas adopter, dit-elle. C’est pourquoi notre fondation a une antenne là-bas. Mais l’essentiel de notre oeuvre se concentre principalement dans la grande région de Montréal et dans la grande région de Québec. »
FAVORISER LE PLEIN POTENTIEL DES ENFANTS
FDG se consacre à appuyer les organismes communautaires dont la mission contribue au soutien des familles et au développement du plein potentiel des enfants. « La mission est librement inspirée de la Convention internationale des droits de l’enfant, dit-elle. Il s’agit de permettre à chaque enfant, peu importe son origine ethnique, sont lieu de résidence ou sa classe sociale, d’atteindre son plein épanouissement. On ne choisit pas où on naît. Certains ont des parents qui sont plus ou moins équipés, plus ou moins adéquats. Aussi, pour bien soutenir les enfants, il faut parfois soutenir leur famille. Avec de l’appui offert par des organismes bien implantés dans leur communauté et qui sont outillés pour faire face à toutes sortes de problématiques, nous pensons que nous favorisons le mieux-être des enfants. » C’est justement parce que les organismes communautaires ont déjà l’expertise ainsi que la connaissance de leur clientèle et des problématiques auxquelles celles-ci sont confrontées que la Fondation Dufresne et Gauthier a choisi non pas de proposer ses propres programmes, mais plutôt de soutenir ceux qui sont déjà en place. « Comme c’est ce qu’ils font de mieux, aider leurs clientèles et favoriser leur prise charge, on s’est dit qu’on allait les soutenir là-dedans afin qu’ils aient plus de temps à se consacrer à leur mission, explique-t-elle. On sait qu’aujourd’hui, la recherche de financement, c’est lourd et exigeant. Si on peut les libérer un peu et assurer auprès d’eux une présence un peu plus soutenue, on s’assure que la mission de ces organismes est développée au mieux de leur capacité. »
UNE PHILANTHROPIE DE PROXIMITÉ
Non seulement la FDG appuie les organismes, mais elle le fait dans une philosophie de proximité. « Un des premiers octrois que nous avons faits était pour 1, 2, 3 Go Montréal-nord, se souvient Mme Dufresne. Le consortium voulait recruter une coordonnatrice. J’ai échangé avec la dame responsable du projet. J’étais assez inexpérimentée, je pense, à l’époque. Elle m’a invitée à me rendre sur place pour mieux comprendre la réalité des organismes et des clientèles sur place. J’ai accepté. L’organisme était situé dans un petit local, au-dessus d’un dépanneur, au milieu d’un complexe de HLM. J’avais amené mes filles et je les ai confiées à la halte-garderie, là-bas. Rapidement, j’ai observé que mes filles étaient plus éveillées que les enfants qui s’y trouvaient. J’ai discuté avec la dame et j’ai regardé un peu les conditions dans lesquelles l’organisme travaillait. Je me suis fait expliquer qui étaient les gens qui vivaient dans les HLM qui étaient tout autour. » Un constat s’est alors imposé à elle : la Fondation devait prendre la pleine mesure des organismes qu’elle souhaitait soutenir. Mme Dufresne était désormais convaincue qu’il fallait se déplacer et aller voir sur place. « C’est une des premières grandes intuitions que j’ai eues pour la Fondation. Cette rencontre a défini la façon dont nous faisons les choses, affirme-t-elle. Nous visitons les organismes que nous soutenons au moins une fois par année et nous leur parlons au téléphone au moins une fois par année. En effectuant un suivi rapproché, nous faisons de la philanthropie de proximité ». Mme Dufresne a aussi réalisé que ces organisations se sentent parfois isolées, prises qu’elles sont par leur réalité financière, les problématiques de leurs clientèles, leurs échéances, etc. Dans ce contexte, les occasions de réseauter se font rares. « Alors on les réunit. Une fois par année à Québec, une fois par année à Montréal. Et une fois tous les trois ans, on les rassemble toutes. Ce sont nos journées RRV, pour réseautage, ressourcement, valorisation. » Là-bas, elles échangent sur les pratiques qui valent la peine d’être mises en valeur et apprennent les unes des autres. « On essaie aussi de les gâter un peu, en les invitant dans des lieux particuliers, en ayant des attentions particulières. La dernière fois, nous leur avions apporté du thé fait par les Augustines. Elles pouvaient choisir entre le mélange Sérénité, Compassion, Douceur, etc. , toutes des qualités qu’elles offrent à leur clientèle.
DU PASSÉ À L’AVENIR
Si l’ensemble de l’oeuvre de sa fondation est résolument tourné vers l’avenir, celui des générations futures, Mme Dufresne n’en demeure pas moins respectueuse et attachée à ce qu’ont bâti des générations qui nous ont précédés. C’est pour cette raison qu’elle a accepté de se faire ambassadrice du Monastère des Augustines. « La réalité des communautés religieuses au Québec fait partie de notre histoire. Nous avons un devoir de mémoire à cet égard. J’ai accepté l’invitation parce que le Monastère offre belle une belle actualisation de la mission des Augustines, une mise en valeur qui fait du bien aux gens qui fréquentent cet endroit et à ceux qui y travaillent. C’est un héritage qui est exemplaire. » Mme Dufresne est aussi soucieuse de ce que devient la planète, de ce que nous en faisons et de ce que nous léguons, justement, nous, aux générations futures. À titre de membre du conseil d’administration d’équiterre, elle a en quelque sorte l’impression de contribuer à sa façon aux efforts de sensibilisation que l’organisation mène depuis plus de 20 ans. « Ça me donne de l’espoir, affirme-t-elle. Nous sommes dans une relation de dialogue avec les gouvernements. Nous sommes capables de faire de l’éducation. Nos actions visent à influencer les politiques publiques. C’est un travail fondamental. Nous avons un impact sur plein d’autres espèces, qu’elles soient végétales ou animales. C’est important que nous reprenions contact avec ça et que nous cherchions vivre de manière plus harmonieuse avec les ressources dont nous disposons. Personnellement, j’ai puisé tout le long de ma vie des enseignements fondamentaux dans la nature. Je pense que ce contact-là devrait être primordial dans l’éducation qu’on offre aux enfants. » Qu’est-ce que ces engagements lui rapportent? « Je pense que la philanthropie permet de faire ressortir notre humanité commune, laisse-telle tomber. On voit d’importants clivages qui se dessinent actuellement dans la société. Les pauvres, les riches. Les genres. Les classes politiques. C’est ce qui est mis en évidence alors que nous sommes tous, à la base, des humains qui ont besoin d’un toit, qui ont besoin de manger, d’aimer, d’être aimés et de se sentir intégrés dans le grand écosystème que constitue nos sociétés. » Ce sont ces valeurs qu’elle promeut en espérant que nous devenions plus inclusifs, solidaires et imaginatifs dans la recherche de solutions pour vivre dans un monde plus harmonieux et équitable.