Les habitudes des consommateurs en 2018
Il y a quelques années, on envahissait les magasins pour faire ses achats du temps des Fêtes. En 2018, les gens se déplacent moins, car on fait marcher ses doigts autant que ses pieds. Les commandes en ligne se multiplient. C’est un drôle de retour du balancier. Dans les années 1950 et 1960, les consommateurs se servaient du légendaire catalogue Sears pour faire leurs emplettes. Soixantequinze ans plus tard, ils font sensiblement la même chose, seul le distributeur a changé ! « Ce qui est paradoxal dans le cas de Sears, c’est qu’ils ont été les pionniers du catalogue papier, mais ils ont raté le rendez-vous internet. Pourtant, au tournant des années 2000, ils avaient constaté que l’avenir passait par internet, mais leur incapacité à s’ajuster au phénomène a été mortelle pour eux », analyse monsieur Luc Dupont, professeur au département de communication à l’université d’ottawa. DES ACHETEURS EXIGEANTS « Le 1er novembre, nous sommes entrés dans le Noël psychologique. Pendant la nuit, dans les magasins, les sorcières ont fait place aux guirlandes et aux ritournelles de Noël ! La période de consommation est moins intense, mais plus longue. Les clients n’ont plus besoin d’attendre après Noël pour profiter de vraies aubaines, car il y en a tout au long des semaines précédant le 25 décembre », explique monsieur Dupont. Il ne faut pas oublier que les consommateurs ont instantanément accès aux prix de tous les produits. « Combien de fois j’ai vu, dans un magasin un homme appeler sa conjointe et tenir la conversation suivante : “bonjour, j’ai tel produit devant moi, peux-tu vérifier rapidement combien ça coûte sur internet ?” Ou encore, des gens photographient des articles avec leur téléphone cellulaire pour être en mesure de comparer les prix un peu plus tard. Ces façons de faire ont complètement changé la donne, car l’acheteur est plus aux aguets que jamais. Les nouveaux outils technologiques lui permettent d’être plus exigeant qu’avant », confirme le communicateur. L’INCONTOURNABLE COMMERCE EN LIGNE Des appareils permettent maintenant de mesurer l’achalandage dans les magasins et les recherches prouvent que la fréquentation diminue, ce qui explique la nécessité absolue de faire du commerce en ligne. « C’est fascinant de voir qu’encore aujourd’hui, des commerçants se demandent s’ils doivent prendre le virage internet. La question ne se pose même plus, et pour certains d’entre eux, il est peut-être déjà et malheureusement trop tard. C’est ce qu’on appelle maintenant l’omnicanal. Il faut non seulement être présent physiquement et virtuellement, mais également être disponible avant, pendant et après la transaction », précise le spécialiste. L’autre réalité dont il faut être conscient, c’est qu’en plus, les consommateurs commentent leurs achats sur les réseaux sociaux, ce qui peut représenter une source de stress accrue pour les commerçants. Leur marge de manoeuvre est minime quant aux prix, au service et à l’expérience client. Tout faux pas peut faire chuter les ventes. ACHETEZ TÔT En terminant, toujours selon monsieur Dupont, plus on attend à la dernière minute, plus on commet d’erreurs, surtout lorsque vient le temps d’acheter pour des gens qu’on connaît moins ! « Dès qu’on se fait la réflexion suivante : “je pense qu’il va aimer ça”, c’est mauvais signe. Votre trouvaille n’est pas gage de succès. Les emplettes du début sont toujours les plus réfléchies, en autant qu’un achat puisse être réfléchi à Noël ! Sans vouloir être moralisateur, c’est bien d’équilibrer en oubliant un peu le côté mercantile de la fête et d’axer sur le plus important. Les familles se réunissent et jasent au lieu de se texter ! »