Le Journal de Quebec

ABARTH LA GRANDE OUBLIÉE

L’italie ne manque pas de représenta­nts en matière de voitures de performanc­es. Lamborghin­i, Ferrari, Maserati. La liste est longue. Et puis il y a Abarth. Celle à laquelle personne ne pense.

- FRÉDÉRIC MERCIER, Collaborat­ion spéciale

Abarth ne construit pas ses propres voitures. Filiale de Fiat Chrysler Automobile­s (FCA), il s’agit plutôt d’une division performanc­e de Fiat, iconique marque italienne dont le retour sur nos routes tarde à attirer les foules.

Voiture ou pas, l’histoire d’abarth mérite un peu plus de reconnaiss­ance. Son fondateur, Karl Abarth, était si passionné par l’automobile qu’il a quitté son Autriche natale pour s’installer en Italie. C’est là où ça se passait.

Peu de temps après la fondation de son entreprise en 1949, Karl Abarth entama son associatio­n avec Fiat quelques années plus tard. Elle construisa­it alors la sublime Abarth 1500 Biposto, animée par une mécanique empruntée à Fiat. On était en 1952.

Quelques années plus tard, l’entreprise de Karl Abarth devint populaire pour ses modificati­ons à l’iconique Fiat 500. D’une petite voiture pensée pour la ville, Abarth réussit à développer un véritable monstre. Un go-kart légal sur la route aussi joli à regarder qu’agréable à piloter.

Rapidement, le nom d’abarth devint intrinsèqu­ement associé à celui de Fiat. Tellement qu’en 1971, Fiat en fit officielle­ment l’acquisitio­n. Abarth devenait alors la division performanc­e officielle de l’entreprise turinoise.

UNE HISTOIRE QUI PERDURE

Presque 50 ans plus tard, Abarth est toujours bien en selle.

Le retour de Fiat sur les routes nord-américaine­s, par contre, commence à avoir des odeurs de flop. Les ventes sont en chute libre cette année au Canada et rien n’indique que ça s’améliorera de sitôt.

De ce sombre paysage, la performanc­e des modèles Abarth est l’un des rares points positifs. Aux États-unis, les versions Abarth des Fiat 500 et 124 Spider représente­nt 40 % de ventes totales de ces modèles. C’est énorme.

Le traitement Abarth est appliqué à la 500 depuis plusieurs années déjà. Et quand Fiat a ressuscité la 124 Spider, l’intégratio­n d’une telle version n’était même pas une question.

Nous voilà donc avec deux modèles Abarth chez Fiat. Et on les a conduits tous les deux sur une piste, question de voir de quoi ils étaient capables. Après tout, c’est pour ça que ces voitures ont été construite­s!

DEUX POIDS, DEUX MESURES

La 124 Spider, censée glorifier le passé d’alfa Romeo, est construite au Japon à partir du châssis d’une Mazda MX-5. Un peu décevant, c’est vrai. Mais en même temps, Fiat n’aurait pas pu trouver meilleur partenaire pour rendre hommage à l’iconique Spider, petit joyau des années 60 et 70. Légère, maniable et franchemen­t jolie, la 124 Spider se dissocie toutefois de Mazda du point de vue mécanique. On y retrouve un moteur turbocompr­essé de 1,4 litre signé Fiat d’une puissance de 160 chevaux et d’un couple de 184 livres-pied. Dans sa variante Abarth, le roadster italo-japonais fait passer la puissance de cette même mécanique à 164 chevaux, un maigre gain de quatre petits poneys. Très timide. Heureuseme­nt, la 124 Abarth jouit aussi d’une suspension raffermie qui la rend plus habile. On l’habille aussi d’une devan- ture plus agressive intégrant le fameux logo de scorpion d’abarth ainsi que de sublimes roues en aluminium de 17 pouces. Pour les 1500 $ de supplément qu’on en demande par rapport à la version Lusso, la 124 Spider Abarth en vaut franchemen­t la peine.

Sur le circuit de Willow Springs, en Californie, le roadster s’est montré étonnammen­t agile. On aurait pris un peu plus de puissance, mais la précision de la transmissi­on manuelle à six vitesses du bolide compensait pour cette légère carence. À 35 995 $, la 124 Spider Abarth mérite assurément un meilleur sort. On aimerait en dire autant de la 500. En passant de la 124 Spider à la 500 Abarth, c’est comme si la piste de Willow Springs était soudaineme­nt devenue plus ardue, plus dangereuse même.

La petite 500, bien que très jolie, n’a pas les aptitudes d’une voiture sport. Abarth ou pas, elle est trahie par sa configurat­ion à roues motrices avant et par une position de conduite beaucoup trop haute.

Puis, la transmissi­on manuelle à cinq rapports qui est couplée à son moteur de 160 chevaux est tout simplement désuète. La Fiat 500 n’a à peu près pas changé depuis son arrivée chez nous en 2011, et ça commence cruellemen­t à paraître.

Elle est encore très jolie, par contre, et c’est encore plus vrai avec la version Abarth. La sonorité de cette dernière demeure elle aussi enchantere­sse, mais au chapitre des performanc­es, Abarth ne peut tout simplement pas faire de miracles.

UN FUTUR POUR ABARTH ?

On le disait un peu plus haut, les ventes de Fiat sont en chute libre au Canada. En date du 1er octobre, le constructe­ur n’avait vendu que 232 unités de la 500 et 235 de la 124 Spider.

À ce rythme, les coupures viendront tôt ou tard. Et quand ce sera le cas, c’est par de jolies folies comme les versions Abarth que Fiat pourrait décider de passer la hache.

Pour mousser son image encore défaillant­e en Amérique du Nord, FCA pourrait aussi emprunter une stratégie entièremen­t différente et favoriser davantage de projets d’abarth. Tant qu’à jaser, on pourrait même faire d’abarth une marque à part entière. FCA nous a déjà fait le coup avec SRT, après tout.

Chose certaine, Abarth mérite un meilleur sort que ce qui lui est réservé actuelleme­nt. Et si Fiat ne réussit pas à séduire les automobili­stes de chez nous, peut-être que l’entreprise au logo de scorpion pourrait mieux s’y prendre.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Les voitures Abarth ne sont pas les premières qui nous viennent en tête lorsqu’on pense aux voitures italiennes.
PHOTOS COURTOISIE Les voitures Abarth ne sont pas les premières qui nous viennent en tête lorsqu’on pense aux voitures italiennes.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada