Martin St-louis veut devenir entraîneur
GREENWICH, Connecticut | Martin St-louis a bouclé la boucle. Non seulement a-t-il confondu les entraîneurs et recruteurs qui l’estimaient trop petit pour faire carrière dans la Ligue nationale, mais voilà qu’il entre au Panthéon du hockey par la grande porte, en fin de semaine à Toronto. Son histoire ferait un bon scénario de film. Avis aux producteurs québécois.
Si son objectif fut toujours de jouer dans la LNH, il n’aurait jamais pensé accomplir autant de choses durant sa carrière de 16 saisons.
« En tenant compte de mon cheminement, je n’aurais disputé qu’un match que ça aurait été formidable », dit-il.
L’homme qu’il est n’allait toutefois pas se contenter de si peu. Sa détermination l’a mené vers les plus hauts sommets.
« Tes objectifs changent quand tu goûtes à la grande ligue », continue St-louis.
« Tu te sens capable d’en faire plus. Tu te dis plus fort que le joueur à côté de toi. Tu veux faire ta place. Quand tu gagnes la coupe Stanley, tu veux en remporter une autre. Tu vises le plateau des 1000 matchs. » St-louis a fait beaucoup plus que ça. « Si on m’avait dit après mes 100 ou 200 premiers matchs que je remporterais deux championnats des marqueurs, le trophée Hart, le trophée Ted Lindsay, la coupe Stanley et trois trophées Lady Byng, je ne l’aurais jamais cru », ajoute-t-il.
« Les choses arrivent pour une raison, mais tu te pinces un peu. Tu te dis : “Hé ! c’est moi qui ai fait ça.” Je me suis surpris moi-même. »
UN MAL POUR UN BIEN
St-louis est trop modeste. Le succès ne relève pas de la chance dans un sport comme le hockey. Les meilleurs joueurs disent que tout le talent au monde ne suffit pas.
Le petit gars du quartier Sainte-dorothée à Laval a bûché fort. Aucune organisation de la LNH ne l’a repêché. Même après avoir tout cassé dans les rangs universitaires américains avec les Catamounts de l’université du Vermont, aucune organisation de la LNH n’a daigné lui offrir une chance.
Même les équipes de la Ligue américaine ne voulaient pas de lui. Il s’est retrouvé avec les Lumberjacks de Cleveland, de la Ligue internationale. C’est à partir de là que certains dirigeants de la LNH ont commencé à se dire qu’il y avait peut-être quelque chose à tirer de lui.
Les Flames de Calgary lui ont accordé un contrat. Il a disputé ses deux premiers matchs dans la LNH au Japon. L’entraîneur Brian Sutter l’a jumelé à Theoren Fleury et Andrew Cassels au sein du premier trio. Ses deux compagnons ont récolté leur part de points, mais lui est rentré au pays avec rien à sa fiche.
BAISSE DE RÉGIME
« Je ne me rappelle pas comment j’avais joué là-bas, mais j’ai connu une baisse de régime à notre retour », se rappelle-t-il.
« C’était comme si j’étais trop impressionné. J’étais prêt physiquement, mais pas mentalement. J’étais un fan. J’ai commencé à faire la navette entre la Ligue nationale et la Ligue américaine. Je me tirais très bien d’affaire dans la LAH. J’étais le premier marqueur de l’équipe.
« À ma deuxième saison, j’étais incapable de me faire une place dans les deux premiers trios à Calgary. Mais je ne sais pas si j’étais prêt pour un tel rôle non plus. D’un autre côté, j’étais trop fort pour la Ligue américaine. »
RETOUR À LA CASE DÉPART
Sutter a commencé à l’utiliser dans un rôle défensif, ce que St-louis n’avait jamais fait auparavant. Avec le recul, il estime que c’est la meilleure chose qui pouvait lui arriver. L’expérience lui a permis d’approfondir ses connaissances du jeu. Plus la saison avançait, plus son niveau de confiance augmentait.
À la fin de l’année, le directeur général Al Coates et Sutter lui ont dit qu’ils étaient satisfaits de sa tenue. Mais ils n’avaient pas prévu perdre leur poste. Craig Button a succédé à Coates et les priorités de l’organisation ont changé.
« Daniel Tkaczuk et Rico Fata, deux premiers choix, arrivaient. Et la direction voulait les faire jouer », dit St-louis.
« Je ne blâme pas Button. J’aurais peutêtre fait la même chose. »
St-louis s’est retrouvé Gros-jean comme devant. Encore une fois.
Il a recommencé à cogner aux portes. Un ancien du Canadien, Rick Dudley, qui a secondé Marc Bergevin à ses six premières saisons à la direction générale du CH, l’a accueilli chez le Lightning de Tampa Bay.
« Je n’étais plus seulement un joueur à caractère offensif », reprend St-louis.
« J’avais appris les autres facettes du jeu. Je “tuais” les punitions, j’étais utilisé dans les situations corsées en fin de match. »
UNE ÉTOILE EST NÉE
Après deux saisons fort respectables, la Ligue nationale a fait connaissance avec un nouveau joueur étoile de 5 pi et 8 po et 175 lb.
Entre les saisons 2002-2003 et 2014-2015, St-louis a été le deuxième marqueur de la LNH derrière Joe Thornton.
Et c’est lui qui a fait tout ça. Comme un grand.