Documenter le troisième lien
Il est grand temps de mettre fin aux débats idéologiques à propos du troisième lien et de documenter ce projet encore beaucoup trop abstrait pour être considéré avec sérieux.
Une foule de questions demeurent concernant ce projet dont on ne sait rien, sinon que le gouvernement, et certains politiciens y voient la solution miracle à la congestion routière. Cela envers et contre tout ce qu’en disent pourtant les experts, et ce, de façon unanime.
On propose donc d’investir des milliards de dollars dans un projet dont on ne sait à peu près rien. Alors que ledit projet pourrait venir modifier considérablement l’aménagement et le développement de la grande région de Québec. Ce n’est pas rassurant.
Pour Johanne Brochu, docteure en urbanisme et professeure agrégée à l’école supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional, il faudrait maintenant être beaucoup plus pragmatique.
Pour s’assurer d’un projet viable et vivable, il faut regarder le fonctionnement de la ville, faitelle valoir, et regarder comment un périphérique peut s’articuler, quel serait le tracé, où l’on veut urbaniser, où sont les centralités, ces lieux qui attirent, polarisent et génèrent des déplacements.
En l’occurrence, la question ne devrait pas être : êtes-vous pour ou contre un troisième lien, mais plutôt à quel endroit serait-il placé, pourquoi et avec quel impact ? Il faut réfléchir.
Pour Marie-hélène Vandersmissen, professeure titulaire et directrice du département de géographie à l’université Laval, périphérique ou 3e lien, c’est du pareil au même.
« Cela ne résoudra pas la congestion sauf peutêtre quelques années, et cela va clairement entraîner une nouvelle vague d’étalement urbain du côté est de la rive sud, avec des coûts collectifs en infrastructures plus élevés (transport en commun et autres services), et des impacts négatifs sur l’environnement et la qualité de l’air », déplore-telle.
La question ne devrait pas être : êtesvous pour ou contre un troisième lien ?
PRIORITÉS DES JEUNES
Il est intéressant de voir que les étudiants avaient organisé samedi une manifestation contre le troisième lien. Le projet, après tout, les concerne beaucoup plus que les gens des générations plus âgées, qui seront pratiquement à la retraite si jamais le projet finissait par se réaliser.
Je rapportais hier les propos de l’ex-ministre Linda Goupil, qui proposait aux élus de consulter les jeunes en âge de voter, au cours des prochains mois, pour connaître leurs priorités.
Constatant que l’environnement s’avère pour eux très important, on peut douter qu’ils voient l’avenir à travers des solutions datant des années 1960 et 1970.