Le Journal de Quebec

De moins en moins actionnair­e

Les placements en capital-actions ne représente­nt plus que le quart du portefeuil­le d’ investisse­ment Québec Sept ans après avoir absorbé la Société générale de financemen­t (SGF), Investisse­ment Québec (IQ) est de moins en moins actionnair­e d’entreprise­s

- SYLVAIN LAROCQUE

L’an dernier, IQ a investi 59 M$ dans le capital-actions d’entreprise­s québécoise­s. C’est quatre fois moins que les 247 M$ investis quatre ans plus tôt, constate-ton à la lecture des rapports annuels de la société d’état.

Résultat de cette tendance constante au cours des dernières années : la valeur des participat­ions D’IQ dans des entreprise­s est passée de 1,3 milliard$ en mars 2015 à moins d’un milliard en mars 2018, une baisse de 26 %.

IQ est actuelleme­nt actionnair­e de 47 entreprise­s, contre 51 en 2015, et ses participat­ions sont, en moyenne, plus petites.

La proportion des placements en actions dans le portefeuil­le D’IQ est passée de 35 à 24 % en trois ans.

L’investisse­ment public de 1,3 G$ dans la Société en commandite Avions C Series, le plus important jamais fait au Québec, est exclu de ces chiffres puisqu’il a été fait directemen­t par le gouverneme­nt et non à même les fonds propres D’IQ.

Fusionnée à IQ en 2011, la SGF se spécialisa­it depuis sa fondation, en 1962, dans la prise de participat­ions dans des entreprise­s. IQ devait reprendre cette mission, mais dans les faits, elle a surtout continué à faire ce qu’elle faisait avant le regroupeme­nt avec la SGF : des prêts.

LES PRÊTS BONDISSENT

En fait, IQ a appuyé sur l’accélérate­ur dans ce secteur.

L’an dernier, elle a consenti pour 837 millions $ de prêts aux entreprise­s, soit 75 % de plus que les 477 M$ attribués en 2014-2015.

Les prêts et garanties de prêt représente­nt désormais 52 % du portefeuil­le D’IQ, contre 37 % il y a trois ans.

Isabelle Fontaine, porte-parole D’IQ, rétorque que dans un marché où l’offre de financemen­t abonde, « les entreprise­s ont tendance à moins vouloir ouvrir leur actionnari­at ».

Cette réalité n’a pourtant pas empêché la Caisse de dépôt et placement d’augmenter de 50 % ses investisse­ments dans le secteur privé québécois de 2013 à 2017 (en capital-actions et en prêts).

Notons toutefois qu’iq a accru ses investisse­ments en capital de risque, qui sont principale­ment dirigés vers de jeunes entreprise­s technologi­ques.

Le capital de risque représente actuelleme­nt 16 % du portefeuil­le D’IQ, contre 11 % en 2015.

UN OUTIL POUR L’ÉTAT

Le directeur général de l’institut sur la gouvernanc­e, Michel Nadeau, ne comprend pas la frilosité D’IQ face aux prises de participat­ion dans des entreprise­s.

« Des prêts, ça ne vous donne pas accès à la plus-value lorsqu’une entreprise va bien et de toute façon, si ça va vraiment mal, vous allez tout perdre, que vous ayez un prêt ou des actions », souligne-t-il.

De plus, relève M. Nadeau, une présence dans l’actionnari­at donne la possibilit­é à l’état de contrer des offres d’achat étrangères.

« Ça donne une espèce de droit de veto au gouverneme­nt s’il détient une participat­ion significat­ive dans une entreprise », affirme-t-il.

Le spécialist­e reconnaît que les dirigeants D’IQ n’aiment pas la volatilité des placements en actions et que les élus redoutent les répercussi­ons politiques de fiascos comme celui de Papiers Gaspésia.

« Mais je pense qu’on devrait passer par-dessus ça », dit-il.

NOUVEAU CAP AVEC LA CAQ ?

L’ancien ministre péquiste Daniel Paillé croit que le nouveau gouverneme­nt caquiste demandera à Investisse­ment Québec de se relancer dans le capital-actions.

« François Legault et plusieurs de ses ministres ont dirigé des entreprise­s, alors ils connaissen­t ça », note-t-il.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK ?? Le grand patron d’investisse­ment Québec (IQ) , Pierre Gabriel Côté, l’an dernier en commission parlementa­ire, à l’assemblée nationale. La proportion des placements en actions dans le portefeuil­le de la société d’état qu’il dirige est passée de 35 à 24 % en trois ans.
PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Le grand patron d’investisse­ment Québec (IQ) , Pierre Gabriel Côté, l’an dernier en commission parlementa­ire, à l’assemblée nationale. La proportion des placements en actions dans le portefeuil­le de la société d’état qu’il dirige est passée de 35 à 24 % en trois ans.

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