Le dilemme vert de la CAQ
L’environnement risque d’être un dossier toxique pour François Legault.
Depuis son élection, il tente de montrer que son slogan électoral « Maintenant » peut être colorié en vert.
Les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) déposé après un été intensément caniculaire ont suscité un sentiment d’urgence dans une bonne partie de l’opinion.
Legault n’était pas premier ministre depuis 20 jours que déjà, il avait senti l’obligation de faire un mea culpa à ce sujet et d’ajouter à ses priorités une « sincère préoccupation pour les défis environnementaux ».
« On a bien reçu le message de la population pendant la campagne », assurait-il après l’assermentation de son conseil des ministres, le 16 octobre.
« On doit en faire en faire plus pour lutter contre le réchauffement climatique. On va y travailler, Mariechantal [Chassé], à notre façon, de façon pragmatique, en obtenant des résultats. »
CONTRADICTIONS
Aussi, depuis, il a éliminé toute possibilité de relancer le dossier des hydrocarbures à l’île d’anticosti et, plus globalement, abandonné son ouverture à l’exploitation des hydrocarbures, qui était un thème récurrent de son livre-programme, Cap sur un Québec gagnant (Boréal, 2013).
Vendredi, deux jours après le lancement du Pacte pour la transition, il en a rencontré, à son bureau, l’instigateur, le dramaturge Dominic Champagne.
Le lendemain, trois ministres caquistes participaient à La Grande Marche pour le climat, à Montréal.
À l’autre bout de la 20 toutefois, une autre manifestation mettait en relief les contradictions, voire les dilemmes de la CAQ en ces matières.
Là aussi, on marchait pour l’environnement, mais plus précisément pour s’opposer à un projet, promu, promis et défendu par les figures de proue de la CAQ à Québec : construire un « 3e lien » à l’est de Québec.
VIEUX DÉBATS
Il y a longtemps que l’environnement est une bête noire pour la CAQ.
Les positions écologiques d’un des premiers élus à joindre ses rangs, en 2012, l’ex-péquiste François Rebello, avaient suscité un tollé dans le caucus caquiste.
Le Plan vert de la CAQ, avait révélé Rebello au Journal de Québec, serait « axé sur la réduction des dépenses en transport pour les familles du Québec ».
« Pour leur faire économiser de l’argent, il leur faut un meilleur accès aux transports en commun. Je pense qu’un plan vert, ça doit viser une voiture par famille, au lieu de deux ou trois. »
On en avait déduit à l’époque que M. Rebello proposait des mesures punitives afin de contraindre les familles à réduire leur nombre de voitures, ce que le député avait nié.
Mais le mal était fait et le caucus, notamment les ex-adéquistes Janvier Grondin et Gérard Deltell, avait cloué M. Rebello au pilori.
Des « fracurations » de ce type s’annoncent dans le caucus. Surtout autour du 3e lien.
Mais aussi, de nombreuses promesses autoroutières de la CAQ : allongement de la 13, élargissement de la 50, élargissement de la 30, prolongement de la 25 jusqu’à Rawdon, élargissement de la 15, etc.
Depuis son élection, François Legault tente de montrer que son slogan électoral « Maintenant » peut être colorié en vert.