Le Journal de Quebec

Le dilemme vert de la CAQ

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

L’environnem­ent risque d’être un dossier toxique pour François Legault.

Depuis son élection, il tente de montrer que son slogan électoral « Maintenant » peut être colorié en vert.

Les derniers rapports du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC) déposé après un été intensémen­t caniculair­e ont suscité un sentiment d’urgence dans une bonne partie de l’opinion.

Legault n’était pas premier ministre depuis 20 jours que déjà, il avait senti l’obligation de faire un mea culpa à ce sujet et d’ajouter à ses priorités une « sincère préoccupat­ion pour les défis environnem­entaux ».

« On a bien reçu le message de la population pendant la campagne », assurait-il après l’assermenta­tion de son conseil des ministres, le 16 octobre.

« On doit en faire en faire plus pour lutter contre le réchauffem­ent climatique. On va y travailler, Mariechant­al [Chassé], à notre façon, de façon pragmatiqu­e, en obtenant des résultats. »

CONTRADICT­IONS

Aussi, depuis, il a éliminé toute possibilit­é de relancer le dossier des hydrocarbu­res à l’île d’anticosti et, plus globalemen­t, abandonné son ouverture à l’exploitati­on des hydrocarbu­res, qui était un thème récurrent de son livre-programme, Cap sur un Québec gagnant (Boréal, 2013).

Vendredi, deux jours après le lancement du Pacte pour la transition, il en a rencontré, à son bureau, l’instigateu­r, le dramaturge Dominic Champagne.

Le lendemain, trois ministres caquistes participai­ent à La Grande Marche pour le climat, à Montréal.

À l’autre bout de la 20 toutefois, une autre manifestat­ion mettait en relief les contradict­ions, voire les dilemmes de la CAQ en ces matières.

Là aussi, on marchait pour l’environnem­ent, mais plus précisémen­t pour s’opposer à un projet, promu, promis et défendu par les figures de proue de la CAQ à Québec : construire un « 3e lien » à l’est de Québec.

VIEUX DÉBATS

Il y a longtemps que l’environnem­ent est une bête noire pour la CAQ.

Les positions écologique­s d’un des premiers élus à joindre ses rangs, en 2012, l’ex-péquiste François Rebello, avaient suscité un tollé dans le caucus caquiste.

Le Plan vert de la CAQ, avait révélé Rebello au Journal de Québec, serait « axé sur la réduction des dépenses en transport pour les familles du Québec ».

« Pour leur faire économiser de l’argent, il leur faut un meilleur accès aux transports en commun. Je pense qu’un plan vert, ça doit viser une voiture par famille, au lieu de deux ou trois. »

On en avait déduit à l’époque que M. Rebello proposait des mesures punitives afin de contraindr­e les familles à réduire leur nombre de voitures, ce que le député avait nié.

Mais le mal était fait et le caucus, notamment les ex-adéquistes Janvier Grondin et Gérard Deltell, avait cloué M. Rebello au pilori.

Des « fracuratio­ns » de ce type s’annoncent dans le caucus. Surtout autour du 3e lien.

Mais aussi, de nombreuses promesses autoroutiè­res de la CAQ : allongemen­t de la 13, élargissem­ent de la 50, élargissem­ent de la 30, prolongeme­nt de la 25 jusqu’à Rawdon, élargissem­ent de la 15, etc.

Depuis son élection, François Legault tente de montrer que son slogan électoral « Maintenant » peut être colorié en vert.

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