Un pacte pour l’avenir
Petite confession : au-delà du fait que je ne conduise pas de voiture, l’environnementalisme ne coule pas d’office dans mes veines. Je suis de la génération du plastique et de la surconsommation. J’exagère peut-être un brin, mais vous comprenez le portrait.
Comme bien des gens, je me questionne néanmoins. Les changements climatiques ne sont pas une vue de l’esprit. La science les documente, et les preuves nous tombent dessus à coups de canicules de plus en plus meurtrières.
Sans parler d’apocalypse, l’urgence d’agir est réelle. D’où le fameux Pacte pour la transition lancé par 400 personnalités québécoises. Qui dit « pacte », dit contrat social. Nul besoin toutefois de le signer pour s’en inspirer. Le lire est déjà un bon début.
Son objectif est simple : nous encourager à réduire notre empreinte environnementale par de petits gestes quotidiens. Du genre manger moins de viande. Utiliser moins de plastique. Consommer moins de pétrole, etc.
Son autre but est de nous amener à faire pression sur le nouveau premier ministre François Legault pour qu’il agisse de manière concrète contre les changements climatiques. Ce à quoi il s’est dit ouvert.
SENSIBILISER
C’est ce que j’apprécie dans la démarche. Le Pacte propose, il n’ordonne pas. Avec réalisme, il suggère de diminuer notre consommation, pas de l’arrêter. En incitant les Québécois à se montrer plus exigeants face à leurs élus, il cherche à sensibiliser les citoyens autant que la classe politique.
Et pourtant, on cherche des poux. On reproche au Pacte d’être trop « élitiste ». À ses signataires « vedettes », on pointe leurs contradictions dans leurs propres habitudes de vie. Quant à son instigateur, le metteur en scène Dominic Champagne, on le dit moralisateur.
Très franchement, à moins de se lever la nuit pour composter ou se tricoter son manteau d’hiver, le fait est que nous avons tous nos contradictions. Quant à l’« élitisme », saluons plutôt l’usage utile que font ces personnalités de leur notoriété publique.
D’autres le font pour le cancer et autres causes sociales. Pourquoi cela deviendrait-il un horrible péché de vanité quand il s’agit d’environnement ? Des milliers de signatures de Québécois de tous les horizons s’ajoutent chaque jour au bas de ce pacte. Ce qui témoigne au contraire de l’effet sain d’entraînement de la notoriété quand une cause est juste.
CASSANT
Le « cas » Dominic Champagne est une autre histoire. Son ton cassant et ses prêches frôlant l’illumination céleste tombent en effet sur les nerfs. Or, comme disait un de mes professeurs, dans la vie, assure-toi de ne jamais confondre le messager avec le message.
Car il arrive parfois qu’un message raisonné soit porté par un messager maladroit. L’important est alors de se concentrer sur le message. Sur un plan philosophique et politique, je me ques- tionne cependant sur cette tendance qu’on a de plus en plus à hiérarchiser les causes, même les plus nobles et les plus complémentaires.
Ainsi, « sauver » la planète mobilise beaucoup chez les plus jeunes – une bonne chose en soi. Mais se rameuter pour « sauver » aussi leur propre nation en se portant à la défense de sa langue fragilisée et de son histoire oubliée passe pour un combat ringard et déphasé.
Ce qui m’inquiète c’est qu’on semble ne plus savoir comment marier le national et l’international. En ce jour où Bernard Landry est porté à son dernier repos – cet homme connaissait toute l’importance de les coaliser –, une réflexion sur cette jonction essentielle s’impose.