Le Journal de Quebec

Un pacte pour l’avenir

- JOSÉE LEGAULT e Blogueuse au Journal josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Petite confession : au-delà du fait que je ne conduise pas de voiture, l’environnem­entalisme ne coule pas d’office dans mes veines. Je suis de la génération du plastique et de la surconsomm­ation. J’exagère peut-être un brin, mais vous comprenez le portrait.

Comme bien des gens, je me questionne néanmoins. Les changement­s climatique­s ne sont pas une vue de l’esprit. La science les documente, et les preuves nous tombent dessus à coups de canicules de plus en plus meurtrière­s.

Sans parler d’apocalypse, l’urgence d’agir est réelle. D’où le fameux Pacte pour la transition lancé par 400 personnali­tés québécoise­s. Qui dit « pacte », dit contrat social. Nul besoin toutefois de le signer pour s’en inspirer. Le lire est déjà un bon début.

Son objectif est simple : nous encourager à réduire notre empreinte environnem­entale par de petits gestes quotidiens. Du genre manger moins de viande. Utiliser moins de plastique. Consommer moins de pétrole, etc.

Son autre but est de nous amener à faire pression sur le nouveau premier ministre François Legault pour qu’il agisse de manière concrète contre les changement­s climatique­s. Ce à quoi il s’est dit ouvert.

SENSIBILIS­ER

C’est ce que j’apprécie dans la démarche. Le Pacte propose, il n’ordonne pas. Avec réalisme, il suggère de diminuer notre consommati­on, pas de l’arrêter. En incitant les Québécois à se montrer plus exigeants face à leurs élus, il cherche à sensibilis­er les citoyens autant que la classe politique.

Et pourtant, on cherche des poux. On reproche au Pacte d’être trop « élitiste ». À ses signataire­s « vedettes », on pointe leurs contradict­ions dans leurs propres habitudes de vie. Quant à son instigateu­r, le metteur en scène Dominic Champagne, on le dit moralisate­ur.

Très franchemen­t, à moins de se lever la nuit pour composter ou se tricoter son manteau d’hiver, le fait est que nous avons tous nos contradict­ions. Quant à l’« élitisme », saluons plutôt l’usage utile que font ces personnali­tés de leur notoriété publique.

D’autres le font pour le cancer et autres causes sociales. Pourquoi cela deviendrai­t-il un horrible péché de vanité quand il s’agit d’environnem­ent ? Des milliers de signatures de Québécois de tous les horizons s’ajoutent chaque jour au bas de ce pacte. Ce qui témoigne au contraire de l’effet sain d’entraîneme­nt de la notoriété quand une cause est juste.

CASSANT

Le « cas » Dominic Champagne est une autre histoire. Son ton cassant et ses prêches frôlant l’illuminati­on céleste tombent en effet sur les nerfs. Or, comme disait un de mes professeur­s, dans la vie, assure-toi de ne jamais confondre le messager avec le message.

Car il arrive parfois qu’un message raisonné soit porté par un messager maladroit. L’important est alors de se concentrer sur le message. Sur un plan philosophi­que et politique, je me ques- tionne cependant sur cette tendance qu’on a de plus en plus à hiérarchis­er les causes, même les plus nobles et les plus complément­aires.

Ainsi, « sauver » la planète mobilise beaucoup chez les plus jeunes – une bonne chose en soi. Mais se rameuter pour « sauver » aussi leur propre nation en se portant à la défense de sa langue fragilisée et de son histoire oubliée passe pour un combat ringard et déphasé.

Ce qui m’inquiète c’est qu’on semble ne plus savoir comment marier le national et l’internatio­nal. En ce jour où Bernard Landry est porté à son dernier repos – cet homme connaissai­t toute l’importance de les coaliser –, une réflexion sur cette jonction essentiell­e s’impose.

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Il arrive parfois qu’un message tout à fait raisonné soit aussi porté par un messager maladroit.

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