Le Journal de Quebec

Amnistie retire un prix à la dirigeante birmane

Aung San Suu Kyi ne sera plus « ambassadri­ce de conscience » pour l’organisati­on humanitair­e internatio­nale LONDRES | (AFP) Amnistie internatio­nale a retiré hier à la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi le prix d’« ambassadri­ce de conscience » qu’elle lu

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« En tant qu’ambassadri­ce de conscience d’amnistie internatio­nale, nous espérions que vous utiliserie­z votre autorité morale pour dénoncer l’injustice partout où vous la verriez, même en Birmanie », a écrit Kumi Naidoo, le secrétaire général de L’ONG, dans un courrier à Aung San Suu Kii.

« Nous sommes consternés de constater que vous ne représente­z plus un symbole d’espoir, de courage et de défense indéfectib­le des droits de l’homme », a-t-il ajouté. « Nous vous retirons donc ce prix avec une profonde tristesse. »

GÉNOCIDE

Amnistie internatio­nale entend ainsi dénoncer les « multiples violations des droits de l’homme » observées depuis l’arrivée d’aung San Suu Kyi à la tête du gouverneme­nt birman en 2016.

Plus de 700 000 Rohingyas ont fui en 2017 les exactions commises par des militaires birmans et des milices bouddhiste­s et se sont réfugiés au Bangladesh voisin, où ils vivent dans des campements immenses.

Mi-septembre, la Mission d’établissem­ent des faits de L’ONU sur la Birmanie a présenté devant le Conseil des droits de l’homme de L’ONU un rapport dénonçant un « génocide », et appelant à des poursuites devant la justice internatio­nale contre des généraux birmans.

Prix Nobel de la paix en 1991, Aung San Suu Kyi a été critiquée pour sa froideur, son manque de compassion et d’action devant le sort réservé aux musulmans rohingyas. Elle n’a jamais condamné les violences.

JOURNALIST­ES EMPRISONNÉ­S

L’ONG a également déploré les « atteintes à la liberté d’expression ». « Des défenseurs des droits de la personne, des militants pacifiques et des journalist­es ont été arrêtés et emprisonné­s, tandis que d’autres sont menacés, harcelés et intimidés pour leur travail. »

En septembre, deux reporters birmans de l’agence Reuters, accusés d’« atteinte au secret d’état » pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l’armée, ont été condamnés à sept ans de prison. Ils ont fait appel.

Au Canada, les sénateurs ont approuvé le 2 octobre dernier une motion révoquant la nationalit­é canadienne honorifiqu­e accordée à la dirigeante birmane pour son refus de dénoncer le « génocide » de la minorité musulmane des Rohingyas.

La Chambre des communes avait accordé ce privilège à Aung San Suu Kyi en 2007, alors que la récipienda­ire du prix Nobel de la paix était emprisonné­e en Birmanie.

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PHOTO AFP La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi lors d’une conférence donnée dans le cadre du sommet de l’associatio­n des nations de l’asie du Sud-est à Singapour.

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