Le Journal de Quebec

Notre télé souffre parfois d’alzheimer

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Dimanche, si vous avez regardé notre télévision — même les réseaux d’informatio­n continue —, il est possible que vous ne sachiez pas encore que c’était le centenaire de l’armistice.

Comme le 11 novembre de chaque année, Radio-canada a diffusé en matinée la cérémonie qui s’est déroulée au monument commémorat­if de la guerre à Ottawa. Elle était présidée par Julie Payette, la gouverneur­e générale. À Montréal, une cérémonie du souvenir a eu lieu à la cathédrale MarieReine-du-monde et une autre à la Place du Canada.

Petit extra montréalai­s, on a déposé au pied du cénotaphe une couronne à la mémoire des soldats de la communauté LGBTQ2 tombés au champ d’honneur durant la dernière guerre. Quelques bispiritue­ls ou transgenre­s ont bien dû y laisser leur vie même si à l’époque, on prenait le plus grand soin de n’engager strictemen­t que des hétérosexu­els dans nos forces armées.

Outre cet extra, rien de spécial. Rien de spécial non plus à Tout le monde en parle, l’émission de « plogues » par excellence de Radio-canada.

AU PIC ET À LA PELLE !

C’était pourtant un 11 novembre différent. Il marquait le centenaire de la fin de la Grande Guerre dans laquelle ont combattu 630 000 Canadiens. Presque 10 % de la population de l’époque. De ce nombre, 65 000 sont morts, 20 000 de plus que durant la Deuxième Guerre mondiale.

Grâce à TV5, à la télé de la CBC et à des quotidiens anglophone­s, j’ai appris sur la Grande Guerre plein de choses que j’ignorais. Certaines m’ont fait dresser les cheveux sur la tête. Comme ce bataillon appelé « le bataillon de constructi­on no 2 », entièremen­t composé de Noirs qui avaient fait des pieds et des mains pour s’enrôler. Mais on ne voulait pas d’eux. Le général en chef W.G. Gwatkin déclara même « qu’il n’y avait pas de place pour les nègres dans l’armée canadienne ».

Le bataillon fut quand même formé en 1916. On dépêcha ces militaires noirs en Europe, mais au lieu de leur donner des fusils, on les arma de pics et de pelles afin qu’ils puissent creuser des tranchées comme des forçats sous les ordres d’un officier… blanc !

TUÉ DEUX MINUTES AVANT LA FIN

À 3 h de la nuit, le 11 novembre 1918, à Sudbury, Bud Raymond, un employé du CPR, capta sur le télégraphe l’annonce de la fin de la guerre. Il relaya immédiatem­ent la nouvelle en criant à tue-tête dans les rues. Avant le lever du jour, des centaines de citoyens célébraien­t à Sudbury, alors qu’on dormait encore à Montréal et à Toronto.

C’est la CBC qui m’a appris que la dernière victime de la Grande Guerre est le private George Price, de Falmouth, Nouvelle-écosse. Le jeune homme de 26 ans fut abattu d’une balle en plein coeur par un sniper allemand à Mons, en Belgique, deux minutes avant la signature de l’armistice. Il y a quelques années, on a nommé un pont piétonnier et une école à son nom à Mons. Dimanche, toujours à Mons, on a inauguré un monument à sa mémoire et nommé George Price une rose qu’on souhaite exporter aux quatre coins du monde.

Heureuseme­nt que d’autres médias se souviennen­t, car les nôtres ont parfois la mémoire courte.

C’était pourtant un 11 novembre différent.

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