Le Québec rend un dernier hommage à son grand patriote
Une pluie d’éloges pour l’ancien premier ministre conduit à son dernier repos
Sachant ses jours comptés, Bernard Landry a fait une tournée d’adieu à l’image de sa noblesse de caractère, ont témoigné des politiciens lors de ses funérailles, hier. Avec son éloquence, son infatigable sens du devoir et son amour contagieux du Québec, il a su inspirer un immense respect même à ses adversaires.
« Il m’a dit qu’il voulait m’aider à remplir ma tâche [de premier ministre] malgré nos différences », a déclaré François Legault, illustrant la « hauteur » de cet « homme d’exception ».
Dans un discours touchant, sa fille Pascale Landry a révélé avec émotion et humour tout l’amour que portait son père à sa famille et comment ses convictions étaient enracinées dans tout ce qu’il faisait. « Il nous [ses enfants alors dans la vingtaine] avait vertement engueulés au souper du dimanche quand il a appris que nous n’étions pas allés voter aux élections municipales scolaires », a-t-elle raconté, suscitant les rires chez les centaines de dignitaires et citoyens réunis dans la basilique Notre-dame.
Même l’ex-premier ministre Jean Charest, qui était pourtant l’adversaire de M. Landry dans les années 2000, a parlé avec lui « chaleureusement » avant sa mort. « J’ai pu lui dire qu’il devait être très fier de tout ce qu’il a accompli pour le Québec », a dit Jean Charest dans un hommage bien senti.
Les témoignages d’admiration se sont enchaînés pendant les funérailles où les airs de Gens du pays et À la claire fontaine ont résonné. « Jamais je ne t’oublierai », ont même entonné des citoyens dans les jubés, les yeux pleins d’eau.
JUSQU’À LA FIN
Même retraité de la vie politique, Bernard Landry continuait à se faire un « devoir » de transmettre son expérience aux jeunes, a raconté Jean-françois Payette, avec qui il enseignait à L’UQAM jusqu’à récemment.
« Rien chez toi ne dictait le repos, et ce jusqu’à ton dernier souffle », a dit l’ancien ministre péquiste Maka Kotto, un des politiciens venus témoigner de sa volonté de créer des ponts avec les communautés culturelles. « De ton amour pour le Québec, tu m’as contaminé », a avoué M. Kotto.
M. Landry avait choisi d’aller dans la communauté juive pour sa toute première sortie en tant que premier ministre, s’est souvenu son ex-conseiller Daniel Amar. « Il aimait trop son pays pour ne pas le partager. »
CONTRIBUTION HISTORIQUE
Plusieurs ont rappelé ses contributions à l’histoire du Québec, comme la signature de la Paix des braves avec la Nation crie en 2002. « Je suis fier de pouvoir l’appeler un ami, de même qu’un frère », a déclaré l’ancien grand chef Ted Moses.
« Notre pays, M. Landry, nous ne l’oublierons jamais, tout comme nous ne vous oublierons jamais », a déclaré Pierre Karl Péladeau, dans un des discours à saveur souverainiste ayant entraîné un tonnerre d’applaudissements dans l’église.