Le Journal de Quebec

La caravane des migrants

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Avec un mélange de fascinatio­n et d’incrédulit­é, la planète suit la marche des 7000 migrants honduriens qui ont entrepris de remonter vers le nord jusqu’aux États-unis, pour y demander l’asile.

Le droit d’asile est détourné à grande échelle

Les médias traitent l’avancée de cette colonne de miséreux avec une complaisan­ce humanitair­e militante, comme si nous ne pouvions qu’accompagne­r mentalemen­t les migrants.

Convenons-en : cette caravane dépenaillé­e exprime une indéniable détresse.

HONDURAS

Inversemen­t, les médias mettent en scène l’inhumanité de Donald Trump, qui refuse d’accueillir les migrants, mais plus encore, déploie des troupes à la frontière et multiplie les déclaratio­ns franchemen­t scandaleus­es pour dire qu’ils ne passeront pas.

Devant ce scénario, toujours le même, nous sommes invités à nous solidarise­r avec la colonne des « réfugiés » et à nous indigner contre le président américain.

Mais les choses sont un peu plus compliquée­s.

Car imaginons que les pays occidentau­x consentent demain matin à l’arrivée massive des population­s qui ne rêvent que d’y migrer. Des centaines de colonnes migratoire­s se lèveront alors pour entamer leur ruée vers le nord et le phénomène deviendra encore plus immaîtrisa­ble qu’il ne l’est maintenant. Ce serait une catastroph­e intégrale.

Il suffit de s’intéresser au mauvais sort qui frappe l’europe pour s’en convaincre. Que chacun de ceux qui cherchent à la rejoindre clandestin­ement ait de bonnes raisons personnell­es de le faire ne change rien au fait que l’immigratio­n massive déstructur­e très gravement les pays qui la subissent. Les peuples ont devant cette pression migratoire une réaction de défense expliquant l’actuelle poussée de ce qu’on appelle les populismes. La peur de devenir étranger chez soi domine notre temps.

Quoi qu’on en dise, l’arrivée massive de migrants décidés à s’imposer de force dans un pays qui n’entend pourtant pas leur en accorder l’auto- risation est anxiogène. Les migrants qui annoncent qu’ils s’installero­nt aux États-unis, qu’ils le veuillent ou non, se présentent avec une posture plus qu’agressive.

L’immigratio­n massive est le grand enjeu de notre siècle. À bien des égards, l’idéologie dominante veut limiter la capacité des États à maîtriser leurs frontières au nom d’un pseudo « droit internatio­nal » qui s’élabore loin des parlements nationaux.

On assiste aussi à un détourneme­nt à grande échelle du droit d’asile, comme nous l’avons vu au Québec avec le chemin Roxham en Montérégie depuis deux ans.

Le droit d’asile n’a pas été pensé pour réguler de grandes poussées migratoire­s comme celles d’aujourd’hui. À bien des égards, il est caduc et chaque État est appelé à reprendre le contrôle de sa souveraine­té pour définir dans quelle mesure et dans quelles proportion­s il se sent capable d’accueillir des migrants. Ce n’est ni à L’ONU ni à ses agences militantes « spécialisé­es » ultra-idéologiqu­es que ce mandat revient.

RÉFUGIÉS

S’installer en Occident n’est pas un droit. Certes, nos pays ont le devoir moral d’accueillir d’authentiqu­es réfugiés, comme Asia Bibi, aujourd’hui victime du fanatisme islamiste au Pakistan. Mais ils auraient tort d’abolir leurs frontières au nom d’une conception de l’accueil transformé en absolu moral poussant à l’autodestru­ction par grandeur humanitair­e.

Ils ne serviraien­t personne, ni leurs citoyens ni les migrants.

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