C’était un 15 novembre…
C’était un 15 novembre. 1976. À Montréal. J’avais à peine 16 ans. Politisée, je l’étais déjà. Beaucoup. Fille d’un policier de l’escouade antiémeute, depuis mon enfance il me racontait toutes les manifestations où il était dépêché, dont la plupart étaient menées par des souverainistes.
C’était comme avoir mon propre bulletin de nouvelles détaillé à la maison. Y compris en octobre 1970. La Loi sur les mesures de guerre, je l’ai vécue de très près grâce aux observations de mon père sur le terrain.
Pierre Elliott Trudeau nous avait envoyé l’armée, suspendu nos libertés fondamentales et fait emprisonner plus de 500 Québécois coupables de rien d’autre que de souhaiter l’avènement d’un nouveau pays.
TRAUMATISME
Six ans plus tard, le 15 novembre, le Parti québécois de René Lévesque, à son propre étonnement, remportait sa première victoire électorale. L’euphorie de ses électeurs n’avait d’égal que la colère de la minorité anglo-québécoise et l’inquiétude montante à Ottawa.
Nul doute, d’ailleurs, que parmi bien d’autres facteurs, le traumatisme de la crise d’octobre 1970 était aussi pour quelque chose dans cette victoire. Le PQ récolte 41,37 % des voix et fait élire 71 députés. La cohorte est aussi spectaculaire de qualité que l’avait été l’« équipe du tonnerre » du libéral Jean Lesage.
SPECTACULAIRE
On parle notamment des Claude Charron, Camille Laurin, Gérald Godin, Jacques Léonard, Jacques-yvan Morin, Robert Burns, Denis Lazure, Jean Garon et Lise Payette. On y trouve aussi deux futurs premiers ministres, et non les moindres : Jacques Parizeau et Bernard Landry.
Puis, la souveraineté, comme promesse. Le 40 % obtenu par le Oui en 1980 en déprimera plusieurs. Et pourtant, 20 ans seulement après le lancement de la Révolution tranquille, ce premier score, dans les faits, tenait du miracle.
La suite, elle, est connue. Du moins par ceux et celles qui, de moins en moins nombreux, s’en souviennent encore…
Demain : en déclin depuis 20 ans, le Parti québécois a-t-il encore un avenir ?