Le Journal de Quebec

12 projets inutiles à 3,2 G$

La société d’état s’est engagée à acquérir à gros prix l’électricit­é de 12 autres projets

- CHARLES LECAVALIER MARIE-CHRISTINE TROTTIER

Le gouverneme­nt Legault veut mettre la hache dans Apuiat, mais il se retrouve avec 12 autres projets énergétiqu­es qui coûteront 3,2 milliards $ en achat d’électricit­é sur les bras malgré les surplus énergétiqu­es, a appris Le Journal.

Les 12 projets répertorié­s par Le Journal doivent fournir 170 MW d’énergie à Hydro-québec, soit un peu moins qu’apuiat et ses 200 MW.

Mais plusieurs de ces contrats, dont le Bureau parlementa­ire a obtenu copies, obligent Hydro-québec à acquérir une énergie très coûteuse, parfois deux fois plus chère que celle d’apuiat, déjà considérée comme inutile par le gouverneme­nt Legault.

En moyenne, l’énergie produite par biomasse, éolienne ou avec des minicentra­les hydroélect­riques coûterait 11,7 cents le kilowatthe­ure si elle était produite en 2019, contrairem­ent à 7 cents le kilowatthe­ure pour Apuiat.

Ces contrats s’échelonnen­t sur une durée de 20 à 25 ans et forceront la société d’état à acheter pour plus de 3,2 milliards $ d’électricit­é dont elle n’a pas besoin s’ils se concrétise­nt tous.

Le plus important d’entre eux, un projet de biomasse forestière à Lebel-sur-quévillon, stipule qu’hydro-québec doit acheter pour près de 1,2 milliard $ d’électricit­é sur une période de 25 ans.

TROP COÛTEUX

Rappelons que le gouverneme­nt Legault est opposé au projet éolien d’apuiat jugé trop coûteux. Situé sur la Côte-nord, ce projet porté par les Innus et Boralex est dans le collimateu­r caquiste.

En août dernier, François Legault était catégoriqu­e. « J’ai confiance que même les citoyens de la Côte-nord vont comprendre qu’on ne peut pas mettre 1,5 milliard de pertes chez Hydro-québec pour créer des emplois. Il faut que ce soit des emplois utiles », disait-il.

De son côté, Hydro-québec fait valoir que ces ententes ont été signées et qu’elles proviennen­t d’appels d’offres lancés par décrets gouverneme­ntaux.

La quasi-totalité des promoteurs de ces projets a cependant raté des échéancier­s et est en retard. Hydro-québec aurait pu résilier ces contrats. Elle leur a toutefois généreusem­ent laissé le bénéfice du doute.

« Dans la mesure où ces retards découlent de facteurs externes au fournisseu­r, le distribute­ur accepte en pratique de surseoir, sans toutefois y renoncer, à son droit de résilier les contrats », explique le porte-parole Serge Tsoto.

ÉTABLIR UN PLAN

Ces projets, principale­ment lancés sous le gouverneme­nt Charest, avaient été initiés pour favoriser le développem­ent économique régional.

« Il faudrait clairement faire une politique de développem­ent régional et industriel, parce que c’est de cela qu’il s’agit dans tous ces contrats », note le chercheur Pierre-olivier Pineau.

« Les gouverneme­nts du Québec ont historique­ment émis des décrets obligeant Hydro-québec Distributi­on à acheter de l’énergie dont elle n’a pas besoin. […] Le gouverneme­nt peut se le permettre parce qu’il possède HQ, mais c’est pratiqueme­nt de l’ingérence et une mauvaise pratique de gouvernanc­e et de gestion », estime-t-il.

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